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Idées Fausses : « Les enfants pauvres sont moins aptes que les autres » C’est faux !

Faux. Ils ont plus de difficultés au départ, mais il n’y a pas de fatalité.

Avant et après sa naissance, les conditions de vie difficile (logement, chômage, alimentation, santé, etc.) et le stress imposé à sa famille rejaillissent sur l’enfant et sur ses capacités d’apprentissage (idée fausse 4). Le stress produit du cortisol, hormone qui nuit à la construction du cerveau, à la pensée et à la mémoire. Quand nous sommes en confiance, notre cerveau bénéficie de dopamine qui améliore son fonctionnement, de sérotonine qui améliore l’humeur et d’adrénaline qui renforce les performances. La misère est une des expériences négatives vécues dans l’enfance (en anglais « adverse childhood experiences ») qui ont des conséquences sur l’avenir des enfants. Ainsi, en France, un chômage durable des parents diminue de 12 points la probabilité d’obtention du baccalauréat pour leurs enfants[1].

Mais la bonne nouvelle est que, pour de nombreux neurocientifiques, « le cerveau tire ses connaissances de son environnement. Selon eux, la principale propriété des circuits corticaux est leur plasticité, leur capacité de s’adapter. De fait, les cellules nerveuses ajustent en permanence leurs synapses en fonction des entrées qu’elles reçoivent[2]. » Pendant la plus grande partie de la vie, le cerveau est capable de rattraper un retard acquis les premières années.

Le lien entre pauvreté et échec scolaire n’est pas inéluctable. Les études Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) montrent que, dans beaucoup d’autres pays développés, ce lien est moins élevé qu’en France. Plusieurs actions peuvent aider à le casser : améliorer les conditions de vie de l’enfant et de sa famille ; investir davantage dans le soutien à la petite enfance (accès aux crèches…) et dans l’école élémentaire[3] ; réduire les inégalités territoriales d’éducation[4] ; soutenir les parents dans leur rôle éducatif[5] ; changer le regard négatif souvent porté sur les élèves en difficulté, qui les décourage encore plus (c’est l’« effet Pygmalion ») ; mettre en œuvre des pédagogies adaptées à tous les élèves[6] et des modes d’évaluation qui les mettent moins en compétition et les encouragent tous à progresser ; développer des temps de formation tout au long de la vie, etc.

[Article mis à jour en décembre 2019]

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[1]  M. Duée, « Chômage parental de longue durée et échec scolaire des enfants », Données sociales, Insee, 2006. Voir aussi J. Farache, « L’impact du chômage sur les personnes et leur entourage : mieux prévenir et accompagner », Cese, 2016.

[2]    S. Dehaene, Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines, Paris, Odile Jacob, 2018, p. 18. Lire aussi Ateliers grande pauvreté et orientation scolaire, ATD Quart Monde, 2018.

[3]   Un élève de l’école élémentaire en France coûte 20 % de moins qu’ailleurs dans l’OCDE, alors qu’un lycéen français coûte presque 40 % de plus (source rapport de la Cour des Comptes « Le coût du lycée », 2015).

[4] A. Blanchard-Schneider, H. Botton, V. Miletto, P. Caro, « Justice à l’école et territoires. Éclairage sur certaines des inégalités scolaires d’origine territoriale en France », Cnesco, 2018.

[5]  Voir par exemple http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/relations-ecole-familles/dispositifs/les-entretiens-enseignante-parent-s-un-dispositif-institutionnalise (consulté en août 2019).

[6]   Voir l’Avis du Cese « Une école de la réussite pour tous » présenté par M.-A. Grard en mai 2015 ; « Les élèves en difficulté : Pourquoi décrochent-ils et comment les aider à réussir ? Principaux résultats », Pisa, 2016 ; R. Félix, « Tous peuvent réussir ! » , Paris, Chronique sociale/Éd. Quart Monde, 2013, C. Gueguen, «Pour une enfance heureuse. Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau, Paris, Éd. Robert Laffont, 2014, et « Ateliers grande pauvreté et orientation scolaire », ATD Quart Monde