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Idées fausses : « Les étrangers viennent profiter de notre système de santé et ça coûte cher » Pas si simple !

Ce n’est pas si simple. Ils n’ont pas accès tout de suite à notre système de santé « classique » mais à l’Aide Médicale d’Etat qui coûte moins que s’ils n’avaient droit à aucune solution.

Les étrangers en situation irrégulière depuis plus de trois mois et dont les ressources ne dépassent pas le plafond de la CMUC ont le droit à un dispositif d’accès aux soins spécifique l’Aide Médicale d’État. Elle donne droit à la prise en charge de 100% des soins dans la limite des tarifs de base de la Sécurité sociale, ce qui peut laisser un reste à charge conséquent pour le bénéficiaire. Elle concerne en tout 315 835 personnes en 2017 (dont 286 669 en métropole) pour un budget total de 867 millions d’euros[1], soit un coût annuel de 2 745 € par personne, c’est-à-dire moins que la consommation annuelle moyenne de soins et biens médicaux (CSBM) en France en 2017 : 2 977 € par habitant[2].

En 2010, un autre rapport[3] précisait que « les bénéficiaires de l’AME sont majoritairement des hommes seuls dans un état de santé dégradé ne recourant aux soins et à une couverture maladie qu’en cas de besoin. À plus de 80 %, ils n’ouvrent des droits que pour eux-mêmes ». Le rapport expliquait que restreindre l’accès à l’AME provoquerait encore plus de renoncements aux soins, dont « le premier effet pourrait être celui de l’accroissement des dépenses allant bien au-delà de l’économie escomptée, [des restrictions à l’accès à l’AME] pouvant conduire à retarder une prise en charge médicale et à un recours tardif à l’hôpital, nettement plus coûteux. Le deuxième effet pourrait être celui de risques sanitaires sérieux du fait des retards induits sur le recours aux soins par la population concernée ».

Abhijit V. Banerjee et Esther Duflo expliquent par ailleurs que cela « rapporte plus » à la société de soigner les plus pauvres que de ne pas le faire, car une personne en bonne santé travaille et accroît par sa production la richesse de la collectivité[4].

[Article mis à jour en décembre 2019]

 

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[1]  Rapport sur le projet de loi de finances 2019 présenté le 22 novembre 2018 par le sénateur A. de Montgolfier.

[2] « Les dépenses de santé en 2017. Édition 2018 », Drees.

[3] A. Cordier, F. Salas, « Analyse de l’évolution des dépenses au titre de l’aide médicale d’État », IGF, Igas.

[4]  Repenser la pauvreté (chapitre « L’amélioration de la santé publique »), op. cit.