Cap sur la dignité et droits devant

Au bord du fleuve, sous la toile qui nous protège du soleil, la discussion va bon train. Des familles chassées de leur île par les inondations racontent la nuit où elles ont tout quitté et se sont entassées dans les pirogues pour trouver refuge sur cette rive.

D’abord quelques organisations leur ont distribué de la nourriture et des bâches. Puis, au fil des mois, personne ne s’est plus soucié de leur sort, des enfants sans école, des adultes ayant perdu leur travail, de la vie de souffrance sous le regard de tous. Quand les propriétaires ont voulu récupérer les terrains où elles s’étaient installées dans l’urgence, on leur a ordonné de partir, chacune de son côté, avec de quoi tenir quelques semaines.

Certaines, de désespoir, ont failli accepter. Alors, des délégués de ces familles ont interpellé l’équipe d’ATD Quart Monde pour chercher ensemble des amis qui aident à trouver une solution digne, un lieu où reconstruire, cultiver, envoyer les enfants à l’école.

Aujourd’hui, rien n’est gagné mais une piste, fragile encore, s’ouvre. Je leur parle d’autres qui luttent comme elles, ailleurs dans le monde. Une personne prend alors la parole : « Dis-leur que dans ce combat, nous avons appris à nous unir. Ce n’était pas facile. Nous ne partirons d’ici que lorsque nous aurons trouvé une solution qui prend en compte toutes nos familles ».

Pour faire face aux chocs d’un monde qui craque de partout, parce que les êtres humains et la terre sont exploités et maltraités, ces amis en Afrique nous disent que tenir ensemble et se promettre que personne ne sera abandonné en chemin libère les intelligences et les courages nécessaires pour ouvrir un avenir. C’est le sens du 17 octobre.

Isabelle Pypaert Perrin, déléguée générale du Mouvement international ATD Quart Monde