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Face aux situations d’urgence : « on est plus convaincants à plusieurs »

Rencontre avec Françoise Aba et Éric Scherrer qui, dans les locaux de la Maison ATD Quart Monde France à Montreuil, assurent le secrétariat des comités « Solidaires pour les droits », en lien avec le Secours Catholique et Amnesty International France.

Comment ces comités fonctionnent-ils ?

Ce sont des groupes de citoyens qui mettent ensemble leurs forces afin d’obtenir le rétablissement d’un droit fondamental bafoué pour une personne ou une famille de leur entourage. Lorsque le combat est gagné, le comité se dissout.

Quel est le rôle de votre secrétariat ?

Eric-Scherrer_130Quand une personne confrontée à une situation de détresse nous contacte, nous lui expliquons que nous n’avons pas les moyens de l’accompagner directement dans ses démarches. Nous essayons de l’orienter vers une structure d’aide proche de chez elle, si elle existe. En revanche, si la personne trouve deux ou trois voisins ou amis prêts à l’aider, nous pouvons conseiller et soutenir ce petit groupe. Souvent, la personne n’ose pas solliciter d’autres, elle est gênée. Lorsqu’on se retrouve en difficulté, certains amis vous abandonnent. Mais souvent aussi, on ne se rend pas compte qu’il existe des gens proches qui n’agiraient pas peut-être seuls, mais sont préoccupés par la situation et sont prêts à se mobiliser avec d’autres. Notre objectif est de ne pas laisser isolés et sans conseil ces personnes qui se solidarisent avec d’autres.

Pourquoi est-ce si important de se mettre à plusieurs ?

L’accès aux droits est parfois long et compliqué. Être plusieurs est bien utile, car certaines démarches sont fastidieuses. Par exemple, pour reconstituer le dossier d’une famille mal logée, il avait fallu trier quatre valises de documents administratifs ! C’est pourquoi il faut avoir de bons amis autour de soi afin de sortir d’une situation difficile. Des amis qui vont s’efforcer non seulement de faire face à l’urgence, mais aussi de rétablir le droit. Pour les élus et les décideurs, c’est impressionnant de voir que ce ne sont pas que des militants qui se mobilisent, mais aussi des gens ordinaires, des voisins, des amis, et qu’ils ne demandent pas la charité, mais le rétablissement d’un droit. On est plus facilement convaincants à plusieurs. Chaque membre du groupe – au premier rang desquels se trouve la personne ou la famille dont les droits sont bafoués – a ses propres mots pour expliquer la justesse du combat.

Propos recueillis par Jean-Christophe Sarrot