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Donner aux enfants l’envie d’apprendre : des ateliers « intelligences multiples » dans le Morbihan

Dans des écoles du Morbihan, les professeurs misent sur les « intelligences multiples » et sur la coopération entre élèves pour que tous aient le goût d’apprendre.

Raphaëlle Guillaume, enseignante spécialisée qui intervient dans six écoles du canton de La Trinité-Porhoët, en avait assez des « projets individuels » réservés aux élèves en difficulté et qui ne les empêchent pas, le plus souvent, de rester au bord de la route. Elle et ses collègues rêvaient d’une pédagogie qui s’adapte à chaque élève.
Celle qui était appelée par certains « la maîtresse des nuls » il y a encore quelque temps est devenue « la maîtresse des projets. » Car elle anime depuis deux ans, avec les professeurs des six écoles, des ateliers auxquels participent tous les élèves de CE2, CM1 et CM2.
En septembre 2012, l’élément déclencheur a été le constat que 8 enfants sur 10 n’avaient pas le niveau requis en écriture. « On a convoqué une cellule de crise et nous avons réfléchi à plusieurs, explique Émilie Jarno, une des enseignantes. Nous avons décidé d’expérimenter en classe la théorie des « intelligences multiples »(1) que nous avions jusqu’alors utilisée pour des projets autour du développement durable et de l’astronomie. »

 

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Atelier visuo-spatial de grammaire et d’orthographe (photo Émilie Jarno)

Depuis, des ateliers d’un type nouveau sont proposés chaque semaine aux élèves pendant une heure trente. Ils travaillent en groupes de deux, trois ou quatre. Le but est de développer en chacun les huit intelligences. Tout cela avec une grande autonomie puisque chaque groupe dispose des consignes nécessaires et des outils pour s’auto-évaluer et se corriger en cas d’erreur. Chaque enfant trouve ainsi une ou plusieurs façons de résoudre un exercice et gagne en confiance. L’un d’eux témoigne : « Quand on est en groupe, il y a toujours quelqu’un qui t’aide. » Un autre : « En écrivant, je ne comprends pas. Mais en jouant, tu apprends au fur et à mesure. »(2) Les groupes produisent des outils qui serviront à la classe entière.
Raphaëlle Guillaume explique : « Ces pédagogies n’effacent pas les différences, mais elles transforment les façons de les vivre. Les enfants comprennent qu’on a le droit de se tromper. L’important est de leur donner envie d’apprendre. » Tous y gagnent, ceux qui ont plus de difficultés et ceux qui en ont moins, comme Louis qui dit : « Cette année, je ne me suis pas ennuyé ! » Pour Samuel, on envisageait l’an dernier une orientation vers une classe Segpa(3). Ce n’est plus à l’ordre du jour depuis que la nouvelle pédagogie lui a permis de reprendre pied dans les apprentissages.
Deux ans après, on constate de grands progrès chez les élèves. Tous développent des savoir-faire qu’ils peuvent réutiliser ailleurs et un goût d’apprendre qui les suivra au collège et au lycée. Un signe qui ne trompe pas : Raphaëlle Guillaume avait réalisé l’an dernier 70 bilans individuels pour des enfants en difficulté, et seulement 26 cette année.
Les ateliers « intelligences multiples » seront étendus à la rentrée 2014 à la maternelle dans les six écoles et au collège. « Cela recrée une relation de confiance entre les parents et l’école », constatent les enseignantes. Après avoir vu le film qui raconte cette expérience, des parents souhaitent pouvoir assister à des ateliers à la rentrée.
Et le 28 juin 2014, les écoles ont organisé un salon du livre qui a été l’occasion de présenter le magnifique livre que les élèves viennent d’écrire ensemble : Pluie d’histoires sur la Bretagne(4).

JCS

→ À voir aussi sur les intelligences multiples : www.csaffluents.qc.ca/im