
#JournéeMondialeDuRefusdelaMisère – Décompresser pour des jeunes privés d’emploi
En route vers la Journée mondiale du refus de la misère, qui a lieu tous les ans le 17 octobre, nous vous proposons une série spéciale qui met en avant ceux et celles qui posent des gestes concrets pour lutter contre la pauvreté.
Ils se retrouvent une fois par mois pour échanger et se donner de la force.
Les Comités des Jeunes Privés d’Emploi ont été lancés en 2016 par la JOC dans le prolongement de la campagne « Dignes et travailleurs ». Il en existe aujourd’hui seize en France. Loïc Vitrant, 25 ans, anime le CJPE de Maubeuge-Val de Sambre, dans les Hauts-de-France.
Une fois par mois, entre trois et dix jeunes très éloignés de l’emploi, en situation précaire, s’y retrouvent. « Le comité est un sas de décompression, souligne Loïc, ils viennent pour lâcher tout ce qu’ils ont à dire. » Cela commence par le « pot des potes » pour s’échanger des nouvelles, voir où chacun en est dans sa recherche d’emploi. Ensuite, on discute d’un thème – le logement par exemple – à partir d’un texte.
Le turnover est important à l’image de vies en dents de scie. Certains viennent « trois mois, repartent et on les revoit un an après », explique Loïc. Pour quelques-uns, il manque « quelques cordes à leur arc pour trouver un emploi », savoir faire un CV ou préparer un entretien d’embauche.
La plupart ont des vies compliquées, voire sont sans domicile fixe. Une jeune, passée récemment, vit avec son mari dans un logement insalubre. Or pour décrocher un travail, « il faut déjà un toit potable sur la tête », explique Loïc. Les emplois sont en outre de plus en plus loin, ce qui est compliqué lorsque l’on n’a pas le permis ou pas de véhicule.
Loïc insiste sur l’expression jeune privé d’emploi « digne » car ces nouveaux entrants dans la vie active sont souvent réduits à des emplois précaires ou confrontés à des patrons qui abusent – comme ce jeune apprenti exploité dans trois boulangeries successives.
Le CJPE, on y vient aussi pour trouver des solutions. Dernièrement, deux jeunes estimaient que l’accompagnement de Pôle emploi et de la Mission locale ne répondait pas à leurs demandes. Ils ont trouvé au comité une écoute qui leur a permis d’exprimer leurs interrogations sur l’entretien d’embauche et le CV. Le comité, qui n’a pas vocation à se substituer aux organismes d’État, les a mis en relation avec un réseau d’anciens cadres dans les ressources humaines et de chefs d’entreprise. Et l’un des jeunes a trouvé un emploi en Corrèze.
Geoffrey Renimel
Photo: Au CJPE de Landerneau le 14 février 2018. ©JOC