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Une vie dans le refus de la violence

Une vie dans le refus de la violence

Organisateur des "cercles de silence" à Toulouse en 2007, Alain Richard raconte sa vie de lutte contre toutes formes de violence, un peu partout dans le monde, dans une série d'entretiens avec un journaliste. Les témoignages d'un homme libre... qui invitent à l'imiter.

Sous la forme d’une série d’entretiens avec Christophe Henning, journaliste et écrivain, le frère Alain retrace son parcours : après un diplôme d’ingénieur agronome, il entre chez les franciscains mais, atteint par la tuberculose, il passe deux ans couché dans l’infirmerie du couvent : « La maladie m’a appris la patience et m’a aidé à simplifier ma prière ».

Répondant à l’appel des franciscains de Chicago, il va travailler comme journalier pour les entreprises métallurgiques, subissant avec les autres journaliers le mépris des ouvriers véritablement embauchés, mais partageant aussi la solidarité respectueuse de l’intimité dans la pauvreté.

Il participe à des manifestations silencieuses auprès des victimes des forces militaires au Guatemala, des victimes de violation des droits de l’homme au Sri Lanka ; il est présent dans des marches silencieuses et non-violentes de protestation contre les essais nucléaires dans le Nevada ou les pressions exercées par les États-Unis pour que ce soit l’ONU qui déclare la guerre à l’Irak.

Enfin il organise, avec sa communauté, des cercles de silence à Toulouse en 2007, pour protester contre le centre de rétention des étrangers en situation irrégulière : « Nous dénonçons d’une part l’enfermement de personnes à cause du seul fait d’être entrées en France pour vivre mieux ou pour sauver leur vie. D’autre part, nous tenons à manifester notre inquiétude devant les conditions de détention elles-mêmes ». Ces cercles de silence réunissent de plus en plus de monde et se sont répandus dans d’autres villes.

Un chapitre est consacré à la violence exercée par ce qu’il appelle la culture de marché : «… Il y a aussi violence dans les fermetures d’usines, dans les rapports économiques, dans la condition des pauvres. C’est inacceptable. Tout cela, c’est le fruit d’une culture de marché qui, avec ses bases rationalistes, comptables et économiques, refuse de reconnaître la transcendance de l’homme ».

Ces actions se réclament de l’évangile, de l’esprit de pauvreté – qui rend libre des intérêts étroits et des pouvoirs factices -, de la non-violence qui cherche à résoudre les conflits dans le respect de l’adversaire, en suivant l’exemple de saint François d’Assise, mais aussi du zen, et surtout de Gandhi, qui préférait le terme de force de l’âme à celui de non-violence.

Ces domaines, austères, sont traités de telle façon – à la fois conviction et ironie envers soi-même – qu’ils ouvrent l’esprit du lecteur au respect de chacun, même et d’abord de l’adversaire, à la vigilance contre toute injustice, quels qu’en soient les risques.

Clémence Boyer

Éditions Albin Michel – 2010 – 283 p.