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Une saison douce

Une saison douce

Un groupe de migrants débarque dans un petit village sarde, un peu terne et endormi depuis le départ des jeunes vers des horizons plus attrayants.

Encadrés par quelques humanitaires, ces exilés s’installent, sur ordre des autorités, dans une maison abandonnée qui nécessite quelques réparations.

L’auteur raconte le séjour de ce groupe avec humour, et comment il bouscule tout à coup la vie tranquille de ce village. Ces êtres humains venant de partout ramènent sans le vouloir ce qui fait la vie : les tensions, les prises de conscience, les engagements,  les besoins de changement décrits dans un style vivant et foisonnant, avec une belle présence du parler sarde pour bien camper le cadre…

L’auteur choisit quelques personnages,  présentés avant le début du récit comme pour une pièce de théâtre : il y a les « personnages autochtones » avec leurs chœurs et les « personnages envahisseurs ». On perçoit dans cette présentation dichotomique le choix de la fable et de la fantaisie.

Les autochtones forment une société traditionnelle avec sa culture forte, ses divisions et ses clans figés. La narratrice fait partie du chœur des villageoises. Elle raconte avec le « nous » du collectif, celui des femmes jeunes qui se sont laissées plus vite entraîner dans l’aventure que leurs « mères et belles-mères ».
Les migrants envahisseurs, eux, forment un groupe mal défini (« de nombreux noirs et quelques blancs »)…

Les deux camps se découvrent peu à peu ; c’est l’occasion pour les villageois, fédérés juste au début pour rejeter les intrus, de briser un peu les frontières qui les séparaient eux aussi. Le terrain de foot redevient un lieu de rencontre, les potagers s’animent de plantations nourricières oubliées…

Le récit décrit ces personnages dans les situations rencontrées au jour le jour tant que dure cette « saison douce ». « L’invasion » prend fin comme elle a commencé, par surprise, laissant les villageois mi-déçus, mi-soulagés. Ils portent sur leur aventure un regard attendri et amusé. « Eh, nous voilà devenus des personnages de roman !»

Le choix de l’auteur de traiter ce sujet comme une comédie dans le cadre fermé d’une île aux traditions ancrées ne fait pas oublier la réalité du point de départ : un tel évènement bouscule partout où il se produit et pose à tous des questions souvent sans réponse.

Catherine Cugnet

Liana Levi – 2021 – 165 p.

Compte rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 259 : L’intelligence artificielle en questions