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Un monde d’inégalités

Un monde d’inégalités

De nouvelles perspectives pour comprendre les inégalités contemporaines aux échelles mondiale, régionale et nationale et quelques pistes pour les combattre.

L’état du monde 2016

Dans l’introduction Bertrand Badie pose le cadre dans lequel les différents contributeurs traitent chacun un aspect du problème : depuis la fin des colonisations et la création du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en 1965. Comment les institutions internationales ont-elles évolué face à ces inégalités criantes dans le monde ? La vision normée du monde occidental, brouillant parfois inégalités et différences, est-elle dépassée ? Les instruments de mesure affinés progressivement parviendront-ils à rendre compte du fait que les inégalités affectent tous les domaines de la vie et s’imbriquent au point de faire système, à la charnière du politique et du géographique ?

Les contributions sont regroupées en 3 parties : Décryptages, État des lieux et D’un continent à l’autre.

Comment mesurer les écarts qui, depuis quelques années, sont régulièrement annoncés comme se réduisant ou se creusant entre les populations du sud et celles du nord par exemple ? Les différents outils (PIB, indice de Gini et autres indicateurs) ont leurs limites. Jean Gadrey a proposé une façon de comparer les revenus qui révèle qu’un habitant d’un pays riche dispose d’un revenu en moyenne 30 fois supérieur à celui d’un pays pauvre… Et les moyennes cachent des disparités énormes entre individus. En 2009 le rapport de la Commission dite Stiglitz conclut que le PIB n’est pas un indicateur suffisant pour mesurer le progrès et le développement des sociétés humaines. L’Indice de Développement Humain (IDH) agrège des indicateurs sur le niveau de vie matériel, la santé, l’accès à l’éducation.

Qu’est-ce qui a présidé à la formation des inégalités mondiales et explique leur persistance ? La hiérarchisation des institutions internationales pourrait évoluer avec le poids nouveau des pays émergents et les nouvelles technologies. Mais quels nouveaux risques doit-on s’attendre à prévenir ?

Il y a un lien de causalité et de corrélation entre les inégalités et les violences grandissantes. Comment expliquer que 800 millions de personnes ne s’alimentent pas suffisamment pour avoir une activité normale, alors que les terres arables pourraient nourrir plusieurs fois la population mondiale actuelle ? La faim est bien une construction humaine et toutes les formes de croissance ne contribuent pas à réduire la pauvreté… Il faut donc transformer les modèles de prospérité sans continuer à compromettre l’équilibre environnemental et nuire encore plus gravement à la santé des populations pauvres.

Au fil des chapitres, la multiplicité des inégalités se confirme, à l’encontre des femmes, des migrants, des populations où la famine guette, qui n’ont pas accès aux soins ou à l’éducation élémentaire. De même, l’écart grandit entre les ruraux et les urbains.

La complexité du sujet n’excuse pas le manque de volonté de s’attaquer à un modèle de développement à bout de souffle.

Catherine Cugnet

Éditions La Découverte – 2015 – 247 p.