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Trésors d’humanité

Trésors d’humanité

Témoignages et réflexions d'un chrétien qui a œuvré à travers le monde en faveur de la justice sociale, contre la misère, la violence et la torture.

Itinéraire d’un témoin solidaire

Fils de fonctionnaire, André Jacques est né dans une famille catholique peu pratiquante quelques années avant la Seconde Guerre Mondiale. Il fut amené à réfléchir aux graves événements qui marquèrent cette guerre et la Libération. A Paris où il est étudiant, à la recherche de sens, il se forme à la religion chrétienne dans le cadre du protestantisme. Il va tout au long de sa vie affronter la difficulté de concilier la volonté de « compréhension d’ensemble » des désastres humains et la « nécessité de choix d’actions concrètes ».

La lecture de son livre montre qu’il a fort bien su gérer ces deux nécessités. Il a milité contre le colonialisme et la guerre d’Algérie. En 1968 il est nommé directeur du centre international d’étudiants de la CIMADE, une organisation œcuménique engagée pour la justice. Questionnements et débats passionnés autour de l’identité chrétienne et de l’action politique. Le centre accueille des réfugiés de partout, riches d’expériences, qui relancent les discussions. Des voyages, des contacts avec la Chine et avec l’Amérique latine qui combat douloureusement pour sa libération avec son cortège de répressions, d’assassinats et de tortures.

L’engagement d’André Jacques est intellectuel, politique, concret et non sans risques. Devenu en 1981 secrétaire aux migrations, il décrit le drame que ces migrations représentent, les discriminations subies. Il se bat pour un traitement humain et social respectueux de la dignité humaine.

Un chapitre est consacré à la torture, à propos de la guerre d’Algérie, car il a été nommé président de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT). Plus tard, président de la Société internationale pour les Droits de l’Homme (SIDH), qui lutte pour l’élaboration et la mise en œuvre de conventions internationales, il attire l’attention sur la situation abominable de millions d’enfants.

Le dernier chapitre intitulé « Y aura-il jamais une fin à la violence ? » marque la déception de voir renaître les maux que l’on avait cru éradiqués. Les Églises chrétiennes ont à réfléchir et à apporter des réponses. Il déplore l’insuffisance de « participation critique » des citoyens mais rend hommage à ceux qu’il a rencontrés et qui ont osé s’engager : des trésors d’humanité résolus à lutter contre tout ce qui fait obstacle aux droits de l’Homme.

Cet ouvrage remarquable ne se limite pas à une énumération de faits, car l’auteur a participé continuellement à des actions de soutien aux hommes les plus bafoués, exposant clairement son itinéraire, les idées qui l’animent, l’évolution de ses engagements, ne concevant pas d’action caritative sans combat pour la justice sociale.
Sa lecture suscite une prise de conscience et un appel à militer.

Jacqueline Konrat

Éditions du Cerf – 2004 – 206 p.