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Travail, ergologie et politique

Travail, ergologie et politique

« Pour un monde commun à construire »

Après l’introduction et la présentation de six de ses textes écrits entre 2002 et 2018, où il s’efforce de repenser la politique en changeant de regard sur le travail et sur la production des savoirs, Yves Schwartz, philosophe, rédige pour cette publication une postface d’une cinquantaine de pages où il reprend ses analyses et ses réflexions, sous ce titre Pour un monde commun à construire.

Auteur difficile à lire dans la mesure où il recourt à de nouveaux concepts, il fait preuve d’une pensée exigeante et ambitieuse. S’il fallait la résumer, au risque de la simplifier à l’excès, on pourrait dire qu’il s’agit pour lui de promouvoir une rencontre véritable entre les penseurs et les travailleurs, en réhabilitant les savoirs de ces derniers.
« Il n’y a pas chez les uns l’expérience et chez les autres la connaissance. Il y a chez tous à dégager l’expérience et la connaissance. »
C’est précisément une démarche ergologique que de se demander ensemble ce que c’est que travailler, à partir des situations de travail réellement vécues, pour faire émerger un nouveau savoir, plus démocratique en quelque sorte, qui devrait avoir un véritable impact politique pour réévaluer tant les priorités que les valeurs en jeu.

Il y a là un défi philosophique et éthique de portée plus générale. Car Yves Schwartz ne cible pas seulement le travail stricto sensu mais toute activité humaine, tout agir.

Il ne fait pas état du processus de croisement des savoirs expérimenté par le Mouvement ATD Quart Monde. Pourtant ses analyses et réflexions en sont proches. Dans leur introduction, Christine Castejon et Jacques Rollin écrivent :
« La proposition ergologique est que, entre savoirs académiques (ceux des universitaires par exemple) et savoirs investis (ceux que l’académie ne reconnaît pas spontanément), il faut un troisième pôle qui est en quelque sorte, en première approche, celui du respect mutuel. Ce respect n’est pas d’ordre moral, il se fonde sur une égalité effective, agissante : égalité des protagonistes de la rencontre dans l’effort de vivre, dans l’effort de connaissance, dans l’effort de construction commune. »

Dans son texte n° 6, intitulé Quelle philosophie sociale pour quelle conception de l’activité humaine ? , Yves Schwartz préconise en conclusion de « repartir de cette affirmation anthropologique que nous sommes tous des êtres d’activité…, des opérateurs permanents de renormalisation, supposant et recréant en toute situation, » avec d’autres, ce qu’il appelle « des savoirs-valeurs » pour construire un monde commun.

Daniel Fayard

Éditions La Dispute/Snédit – 2021 – 253 p.