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Repenser la pauvreté

Repenser la pauvreté

Deux professeurs en économie du développement proposent de modifier les politiques de lutte contre la pauvreté à partir des savoirs et des pratiques des plus pauvres.

Tous deux professeurs d’économie du développement au Massachusetts Institute of Technology (MIT, USA), co-fondateurs et co-directeurs d’un laboratoire d’action contre la pauvreté (J-PAL), Abhijit Banerjee, indien, et Esther Duflo, française, s’efforcent de comprendre comment les pauvres (poors économics) raisonnent, face au défi de leur survie, pour tenter d’améliorer leurs conditions d’existence.

Il s’agit de faire valoir leur savoir économique, d’apprendre de leurs pratiques (en matière de consommation, de mode de vie, d’éducation…) « à quels moments et pour quelles raisons ils ont besoin d’un coup de pouce », d’en tirer quelques leçons pour réajuster en conséquence les apports des institutions publiques internationales et nationales comme ceux des ONG et des associations.

« Pour peu qu’on leur apporte l’aide adéquate, même les plus pauvres d’entre les pauvres sont capables de gérer avec succès de petites entreprises et celles-ci peuvent changer leur vie. » Car les auteurs ne doutent pas que l’on puisse obtenir des changements significatifs si l’on se donne les moyens d’expérimenter et d’évaluer à des échelons locaux des investissements ciblés avec des objectifs à court et moyen terme bien identifiés et mesurables.

Ce livre a pour objet d’en apporter la démonstration.
Des investigations dans plusieurs pays du Sud, notamment en Inde, permettent aux auteurs d’apporter de nombreuses illustrations tant des échecs que des réussites dans ce qui est entrepris par les uns et les autres pour résister et lutter contre la pauvreté. Ils explorent par exemple des situations relatives aux problèmes de l’alimentation, aux pratiques de santé, au système éducatif, à la famille, à la protection sociale, au micro-crédit, à l’épargne…

Le lecteur est bien introduit à leur questionnement : « Pourquoi les pauvres mangent-ils si peu ?… Sont-ils maîtres de leurs décisions, par exemple en matière de fécondité ?… Pourquoi n’économisent-ils pas davantage ?…Pourquoi les écoles échouent-elles avec eux ? … ».

Il peut aisément suivre le déroulement de leurs découvertes, de leurs analyses et de leurs suggestions d’améliorations. Peut-être ne saisira-t-il pas aussi facilement toutes les données chiffrées relatives aux évaluations comparatives des situations et des changements opérés.

Daniel Fayard

Éditions du Seuil – Les livres du nouveau monde – 2012 – 427 p.