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Placé, déplacé

Placé, déplacé

L’auteur de ce récit autobiographique a 24 ans. Il n’édulcore rien des souffrances de l’enfant et il se pose des questions de jeune adulte.

De familles d’accueil en foyers, le combat d’un enfant sacrifié

Ce livre relate les différentes ruptures imposées à l’enfant depuis l’âge de cinq ans : ruptures au niveau de l‘environnement, ruptures affectives. Avec les mêmes conséquences toujours, incompréhension, peur, honte. Enfant, il s’interroge. « Quand allaient-ils comprendre que se mettre à plusieurs pour me faire comprendre l’incompréhensible est beaucoup plus stressant que rassurant ? ».

Et puis il y avait cette injonction permanente faite à l’enfant, cette nécessité pour lui de s’adapter, de trouver en lui –même les ressources indispensables pour faire face. Attitude bien difficile à maîtriser à 5 ans, à 10 ans, à 16 ans et sans autre préparation que ces discours sur ce «  bien de l’enfant » concept théorique, à qui personne ne sait donner « vie ».

Constamment transféré d’un lieu à un autre il acquiert ainsi une connaissance unique des failles du système. Il montre de manière saisissante en effet cette inadéquation entre « le problème » et les différentes solutions institutionnelles mises en œuvre : lieux de vie où l’on ne doit pas rester, centres d’accueil fermés l’été, familles d’accueil qui déménagent, surdité des responsables aux plaintes de l’enfant. Vu du point de l’auteur les personnes chargées de l’aider dans ces « transitions » n’avaient pas la moindre idée de ce qu’ils auraient dû faire.

Il se sent coupable de sa situation, il est meurtri par les violences mais aussi par des paroles et des attitudes tant des assistantes sociales, que des éducatrices, familles d’accueil dont les connivences, les hypocrisies, agissent avec une certaine régularité pour l’exclure davantage. Son regard sur ses parents semble très «  administratif». Il a consulté son dossier et n’a pas eu de bons rapports avec eux. Il se dit « fils de parents inconscients et même dépravés ». Il n’admet pas que ceux-ci persistent dans leur attitude.

Tout n’est pas négatif cependant car parfois l’enfant rencontre une personne qui le comprend, lui fait confiance. Ainsi il ne dérive ni dans la délinquance ni dans la drogue, obtient un bac professionnel, gagne son autonomie, s’investit dans des engagements militants et puis il passe, avec un grand bonheur, à 17 ans, du statut de dossier N°404/0440… au statut du dossier «  Adrien Durousset ». Cela en dit long !!!

Enfin il fait des propositions pour modifier la loi sur la protection de l’enfance de 2007, souhaitant renforcer la responsabilité des parents, notamment pécuniaire pour rompre avec la victimisation.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

Éditions Michalon – Témoignage – 2016 – 203 p.

Sur le même sujet, aux Éditions Quart Monde :
Une longue, longue attente
La petite fille numéro 624

Compte rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 239 : Bienveillance et résilience