L’auteur, militant associatif, est président d’honneur de l’Association Rencontres Tsiganes en Provence Alpes Côté d’Azur qui s’est donné pour objectif « d’engager le dialogue entre tous citoyens, gadgés, gitans, manouches, Roms… professionnels ou militants associatifs et d’œuvrer ensemble pour lutter contre l’ignorance et les préjugés ».

Des exemples issus de l’expérience militante de l’auteur montrent combien le dialogue avec les autorités est difficile et douloureux : au tribunal, les perdants sont toujours les mêmes, malgré une législation qui a donné récemment des espoirs d’amélioration et de reconnaissance.

Les idées reçues sur les Gens du voyage et les Gitans d’autrefois, les rancœurs sur les Roms récemment rentrés sur le territoire français du fait de leur appartenance à l’Europe, se rejoignent et renforcent la méfiance et le rejet de ces populations indistinctes pour le non-initié.

En analysant avec conviction ce qui fait la force de ces gens épris de liberté, comme l’importance de la caravane, l’auteur met en lumière ce qui sépare : leur habitat nomade, leur conception du travail, qui n’est pas celle qu’on attendrait d’un citoyen respectable, la valeur qu’ils accordent à l’école reléguée au second plan, leur refus de se soumettre à un règlement, tout les rend suspects et  les met à la marge d’une société dans laquelle la conformité  aux normes est importante.

L’analyse de l’évolution de la législation qui les concerne est implacable : les lois de ces trente ou quarante dernières années, qui pouvaient donner de l’espoir, ont été plus que lentement mises en application, ou détournées ; leur texte même contient parfois des ambiguïtés qui appellent des dérives…

Si la loi européenne peut définir les appellations de ces groupes humains selon leurs origines et rappeler le devoir d’accueillir ces personnes et leur droit de circuler, faire changer le regard et faire accepter des modes de vie difficilement compréhensibles pour beaucoup demandera un temps pendant lequel des droits seront malheureusement bafoués.

Tout est complexe dans ce domaine ; mais les sujets de ces complexités sont des humains qui sont pourtant rejetés. L’auteur ne se prive pas de dénoncer les manquements aux Droits de l’homme. Et si nous étions tous Roms, quel traitement souhaiterions-nous ? Le titre provocateur résume le positionnement de l’auteur. On attendrait plus : des solutions, des pistes pour ménager les parties en présence et accélérer la réconciliation… Citant même Claude Lévi-Strauss, l’auteur rappelle que les hommes, tels qu’ils sont, ont tous leur place dans ce monde.

Catherine Cugnet

Éditions Mélibée – 2013 – 185 p.