Évaluations, dépistages, médicaments

Depuis soixante ans le système d’aide aux enfants avait pour but de « protéger leur santé, promouvoir la prévention, la protection et l’éducation ». A partir des années 1990, les enfants ne sont plus considérés comme des personnes à respecter, telles que les définissait la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, et à protéger en cas de déviance. On parle maintenant de « justice des mineurs…., de mineurs récidivistes ». Parallèlement, on passe d’une étude de la psychologie des profondeurs à une psychologie des comportements. On va tenter de dépister, chez les jeunes enfants, des populations à risques au moyen de critères tels que : troubles des conduites, troubles de l’attention, hyperactivité… La pédagogie doit suivre le mouvement. On va tenter de conditionner l’enfant afin qu’il puisse se couler dans un monde acceptable pour la société sans tenir compte de sa spécificité.

Une prévention saine comporte trois registres :
– Accompagnement de la vie quotidienne ;
– Soutien psychologique dans les aléas de la vie ordinaire ;
– Aide psychologique dans les accidents de la vie.
Là où on soutient la famille, on soutient l’enfant dans son développement, mais sans contrôle social.

« L’enfance est le temps d’une identité à constituer et nous sommes garants de ce parcours. Pour que cette nécessaire tension entre socialisation et protection des enfants ne soit pas douloureuse, nous avons besoin d’avoir confiance en les autres, en l’avenir ».

Les « idées déterministes prétendent que le devenir d’un enfant serait inscrit dans son cerveau ou dans ses gènes » or « rien n’est jamais figé dans notre cerveau ». « Un enfant grandit […] et construit sa personnalité à partir de ce qu’il est et de ceux qui l’entourent » : famille, professionnels, famille élargie… et le social qui structure son environnement. On l’aura compris, l’ensemble de ces interventions plaide pour une prévention respectueuse de l’enfant et de sa famille.

Claude Deleplanque

Albin Michel – 2008 – 283 p.