Auteur de romans régionalistes, certains adaptés à l’écran avec succès, Signol recueille ici les souvenirs d’une humble bergère du Quercy, octogénaire.

La vie de Marie des brebis s’est égrenée, le long du XXe siècle, scandée par les événements familiaux et historiques. Bébé trouvée parmi les brebis – d’où son nom – elle est gardée par le berger et ses maîtres, qui la traitent comme leur fille unique. Elle épouse leur valet, après son retour de la guerre de 1914-1918.

Tous deux héritent par testament devant notaire mais ils sont chassés, avec seulement un petit pécule et six brebis, par un héritier lointain. Ils s’installent dans une vieille masure, quatre enfants naissent mais ils perdent un nouveau-né. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le fils aîné est tué au maquis et le père résistant est emprisonné. A la fin de la guerre il meurt, épuisé par le travail.  L’un des enfants devient ingénieur, la fille est médecin à Paris. Marie se dévoue aussi auprès des petits enfants et crée une bibliothèque rurale.

Ce que souligne la narratrice, c’est le dévouement pour les siens, l’amour de la nature, la joie des fêtes villageoises, les vendanges, les bals, et surtout les fêtes familiales. Mais elle ne se prévaut pas de la réussite matérielle de ses enfants, alors qu’elle a travaillé plus dur : elle s’accuse même de ne pas avoir permis à sa fille de poursuivre des études secondaires qui lui auraient évité de pénibles rattrapages après les tâches d’aide-soignante puis d’infirmière. Jamais elle ne cède à la rancune ou à l’envie : elle a répondu à l’appel de sa mère mourante, qui l’avait abandonnée parce qu’elle l’était elle-même, avec compassion. Sans doute est-elle inspirée par une foi profonde, naïve mais non superstitieuse, qu’elle exprime ainsi : « Il [Dieu] préfère ce qui est fragile et qui a besoin de son amour. »

Éditions Pocket – 2001 (réédition) – 187 p.