De la DASS à la rue, de la rue à la vie

Elina, placée en bas âge à la DASS pour la protéger d’une mère alcoolique et violente, grandit dans une famille d’accueil, à la campagne. Elle est reconnaissante à sa nouvelle mère, très autoritaire, de s’être occupée d’elle à sa façon parfois rude, mais elle finit par ne plus supporter la campagne et ce milieu paysan où elle étouffe.

Adolescente, elle s’enfuit. Elle se retrouve à Paris, où commence sa vie de SDF. Rien n’est éludé de ses souffrances endurées, des violences subies, de la faim jamais rassasiée, de ses crises d’anorexie, du froid, des maladies d’une vie de galère. Les rencontres avec les autres paumés, leur repliement et leur instinct de survie, leurs rapports agressifs, sans amitié ni affection, l’usage de la drogue et de l’alcool, les hébergements de fortune; tout cela est vécu, malgré parfois des phases dépressives, avec une volonté farouche de faire face : c’est que la jeune fille est une révoltée qu’une sorte de hargne tient debout.

Le récit ne rend pas compte du déroulement chronologique d’une errance. Il juxtapose des saynètes thématiques : chaque chapitre donne lieu à une courte histoire, sur un personnage, une action déterminée, un souvenir marquant, etc., comme si les difficultés de toutes sortes rapportées n’avaient aucun lien entre elles. Et pourtant !

Elina s’en tirera en transformant, au théâtre, grâce à ses talents de comédienne, sa galère en spectacle. Ce sera sa thérapie. L’adolescente égoïste et révoltée s’est intégrée dans des associations d’entraide aux SDF. L’humour qui affleure souvent dans ces courts récits ne semble-t-il pas annoncer cette fin heureuse ? Quand Elina les a écrits elle savait bien qu’elle était sortie de la misère.

Claude Dinnat

Flammarion – 2013 – 249 p.