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L’indigent et le délinquant

L’indigent et le délinquant

De nombreuses lois ont renforcé le contrôle social des populations marginalisées en les présentant comme seules responsables de leur situation et comme des délinquants en puissance.

Pénalisation de la pauvreté et privatisation de l’action sociale

Cette note s’organise en cinq chapitres :

– Prendre aux pauvres pour donner aux riches.
Le nombre de pauvres en France est estimé à 7 millions, auxquels s’ajoutent 8 à 12 millions de précaires. Les inégalités se creusent et la protection sociale est peu à peu remise en cause. Le contrôle des chômeurs est renforcé.

– De l’État social à l’État pénal.
.
« Nous sommes passés d’une justice dont la finalité idéale était de protéger les libertés à une justice dont l’objectif revendiqué est d’assurer la sûreté des personnes et surtout des biens ».
. Les dernières lois votées ont augmenté les prérogatives de la police et limité les compétences des juges. A cela s’ajoutent la surveillance et le fichage de populations potentiellement délinquantes, non poursuivies mais seulement interpellées.
. « Dans la logique d’occultation des rapports de force économiques, la figure de la victime a remplacé l’analyse des rapports sociaux ».
. « 80% des détenus ont, à leur entrée en prison, des revenus inférieurs à 800 euros par mois, et ils sont presque tous chômeurs et sans qualification ».
. La délinquance des mineurs est en augmentation mais il s’agit surtout d’une petite délinquance, traitée en majorité par des sanctions alternatives (réparations…), dont une partie n’aurait pas donné lieu à poursuite il y a vingt ou trente ans.
. La logique sécuritaire s’étend au domaine psychiatrique, faisant l’amalgame entre les troubles mentaux, la dangerosité et la délinquance.

– Déclin du service public, ouverture marchande et chasse aux indus.
. « Le service public de l’État régresse au profit des collectivités locales, au risque de plus d’inégalités ».
. La marchandisation des services sociaux risque de laisser de côté l’aide aux plus démunis, qui coûte cher et est peu rentable.
. Le contrôle des trop perçus de minima sociaux est organisé mais il faudrait aussi rechercher les droits légitimes non ouverts et les allocations dues non versées.

– La prise en charge de la pauvreté.
. L’analyse doit articuler les problématiques individuelles sur les questions collectives au lieu de faire peser l’échec des dispositifs d’insertion sur les travailleurs sociaux et les usagers : « C’est un choix politique de ne pas permettre aux usagers de donner un contenu politique aux situations sociales qu’ils subissent et de les renvoyer essentiellement à leurs trajectoires et capacités individuelles. »

– Éléments pour une autre politique de lutte contre la misère.
. Réformer le système fiscal, en particulier local, pour financer réellement le service public et l’aide sociale.
. Imaginer une société libérée du travail contraint, avec des périodes d’activité autres que professionnelles : formation, année sabbatique, bénévolat.
. Rattacher les minima sociaux au salaire minimum et en faire un système unique avec l’assurance chômage.
. Remplacer le contrôle social par la liberté de choix de l’emploi et de la formation pour les chômeurs.
. Redonner aux associations leur pouvoir de réactivité sociale au lieu de les traiter comme des entreprises en concurrence.

Annick Mellerio

Syllepse  – Notes de la Fondation Copernic – 2008 – 144 p.