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Les vraies lois de l’économie

Les vraies lois de l’économie

Mise en cause du caractère inéluctable des lois de l'économie néo-libérale, qui pourrait être remplacée par une économie humaine. Prix lycéen du livre d'économie.

Ce petit livre reprend la substance des entretiens hebdomadaires de Jacques Généreux, diffusés sur France Culture, ainsi que ses articles publiés depuis l’automne 2000 dans le mensuel Alternatives Économiques, pour faire pièce aux croyances entretenues par les médias et certains politiques sur de prétendues réalités économiques qui gouverneraient le monde sans alternatives possibles.

Dans un premier temps, Jacques Généreux rappelle en quelques pages ces croyances qui forment un « corpus » des fausses lois de l’économie à la base des pratiques néo-libérales en vigueur :
– les lois établies par la « science économique » sont comparables aux lois de la physique : elles révèlent des réalités immuables et incontournables par la volonté humaine ;
– la valeur réside uniquement ou principalement dans la production de biens et services marchands ;
– le libre jeu de l’offre et de la demande assure l’équilibre général des marchés ;
– le libre jeu de l’offre et de la demande garantit l’usage le plus efficace des ressources ;
– le rôle économique de l’État et du politique se cantonne à la production de quelques biens et services publics ;
– la justice est un problème strictement politique dont le règlement est indépendant du choix du système économique.

À ces fausses lois, l’économiste rigoureux qu’est Jacques Généreux oppose les six premières vraies lois de l’économie :
– les lois de l’économie sont les lois des hommes (créées et amendables par les hommes) ;
– ce qui a de la valeur n’a pas de prix (a de la valeur toute activité qui contribue à la satisfaction des besoins humains) ;
– le libre jeu de la loi de l’offre et de la demande conduit au déséquilibre général ;
– le marché ne fait pas le bonheur (en l’absence d’une régulation politique forte) ;
– l’État ne fait pas le bonheur (pas de domaine réservé, pas d’optimum, démocratie à construire) ;
– la véritable efficacité, c’est la justice, la véritable justice c’est l’égalité des libertés (toute action en vue d’assurer un usage plus efficace des ressources affecte la répartition du bien-être entre les individus et soulève donc le problème de la juste répartition).

En pratique, à la charnière des années 1970 et 1980, dans une atmosphère de remise en cause de l’interventionnisme étatique, la droite libérale remporte les élections au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Allemagne. Et si l’Europe reste néanmoins dominée par des majorités socio-démocrates, ces dernières semblent se ranger à l’idée d’un nécessaire désengagement de l’État. Deux décennies de libéralisation des marchés (y compris les marchés de capitaux) ont suivi, empêchant notamment toute politique de relance.

Mais la récurrence des crises financières internationales, l’aveu d’échec des politiques libérales menées dans le tiers-monde par le FMI et la Banque Mondiale sont aujourd’hui en passe d’ébranler le consensus néo-libéral. Plus personne n’oserait affirmer aujourd’hui que les politiques économiques sont totalement inutiles. Jacques Généreux propose alors de lutter par la pédagogie contre la médiocrité de la culture économique et d’enseigner l’économie humaine, c’est-à-dire une économie politique et historique.

Jean Guinet

Éditions du SeuilPoints/Économie – 2008 – 362 p.