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Le voyage d’Anton

Le voyage d’Anton

Récit du parcours infernal que connaissent trop de marginaux dans notre société - les pauvres, les handicapés, les pas-comme-les-autres - renvoyés de médecin en spécialiste, plus tard d’école en école, et se heurtant à l’indifférence, au mépris, à l’arrogance.

Anton est le premier enfant de l’auteur, Mariana, et de son mari Jonathan : un enfant très désiré, un bébé facile, qui montre très tôt un goût prononcé pour la musique… Mais au cours de sa seconde année, les parents s’inquiètent : Anton tarde à marcher, et, quand il le fait, sa marche est anormale ; son langage ne se développe pas.

Ils se décident à consulter et entament ainsi le parcours infernal que connaissent trop de marginaux dans notre société – les pauvres, les handicapés, les pas-comme-les-autres – renvoyés de médecin en spécialiste, plus tard d’école en école, et se heurtant à l’indifférence, au mépris, à l’arrogance. Il y a le service hospitalier où l’on oublie la moitié des examens demandés et où l’on fait attendre les résultats pendant des heures, sans s’occuper de l’enfant, qui hurle de faim. Il y a le Dr. X, spécialiste du langage, qui n’est pas là à l’heure du rendez-vous qu’elle a fixé, qui n’a pas ouvert le dossier de l’enfant, envoyé bien à l’avance, et qui, lorsque la mère lui expose ce que sait faire l’enfant – il a appris l’alphabet, il connaît par cœur bien des morceaux de musique – l’interrompt d’un “ la mère dans toute son horreur ! ” Il y a le Dr. Y, autre spécialiste du langage, qui n’a pas non plus consulté le dossier, qui commente des clichés sans regarder les parents, et qui se met à déshabiller l’enfant sans lui avoir dit bonjour, ni lui avoir expliqué ce qu’il va faire, alors qu’Anton a maintenant cinq ans. Il y a les écoles qui le refusent, et celles qui l’acceptent mais le laissent dans un coin sans rien lui apprendre… On est tenté de se dire que Mariana Loupan pousse peut-être le tableau au noir – mais non : elle a soin de citer, en les nommant, tous ceux qui l’ont bien accueillie, qui l’ont aidée.

Malheureusement, ils ne suffisent pas à faire contrepoids : à six ans, Anton n’a pas trouvé d’école. Or il peut apprendre et progresser, malgré le “ syndrome neurologique ” qui le handicape, ses parents en sont convaincus.

La preuve que leur conviction était fondée, ils finiront par la trouver – mais pas en France. Des cousins ont rencontré, en Israël, le professeur Reuven Feuerstein, et les engagent à aller voir le “ travail fabuleux ” qu’il fait avec des enfants en grande difficulté, tels que des enfants trisomiques.

Mariana et Jonathan suivent ce conseil : ils se rendent à Jérusalem, dans le centre que dirige le professeur Feuerstein. Là, on parle à Anton, on essaie de le comprendre, on teste de façon systématique non seulement ce qu’il sait faire, mais surtout ce qu’il peut apprendre s’il reçoit un enseignement adapté et méthodique. Pour cela, toute la famille s’installe à Jérusalem pour dix-huit mois.

Au retour, Anton est transformé. Certes, ses difficultés persistent ; mais, comme l’écrit sa mère : “ Aujourd’hui, il a une vie. Il est dans la vie. Il a une école, il a des copains, il lit, il écrit, il s’exprime incomparablement mieux, il apprend à jouer du piano (…). Il aime la vie ”.

Claudie Bert

Ed. Presses de la Renaissance – 2003 – 226 p.

Compte rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 193 : La prison, au-delà des murs