Le pari de la fraternité

Le pari de la fraternité
S’entretenir longuement avec les présidents de deux importantes ONG humanitaires françaises, le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD-Terre solidaire) et le Secours Catholique, avoir part à leur dialogue, est un véritable plaisir pour le lecteur. Celui-ci est bien évidemment informé par eux de ce qui fait la vie de leurs associations respectives, celle de leurs militants et bénévoles, mais il est également introduit à la compréhension de la spiritualité de leurs deux fortes personnalités. Ils livrent en effet leur vision du monde et de la société, leur analyse des évolutions contemporaines relatives à la lutte contre la misère et l’exclusion sociale, la raison d’être de leur stratégie d’engagement, leur volonté de faire évoluer tant les communautés chrétiennes que les communautés humaines de vie pour « construire un monde plus fraternel ».
« Nous avons des convictions dont nos associations sont porteuses… et notre société peut se transformer, sortir de l’impasse dans laquelle elle est enfermée, à condition que les citoyens et leurs associations se reprennent en mains ».
Car on ne peut se résigner à l’accroissement des inégalités… Il faut manifester aux plus pauvres qu’ils ne sont pas seuls… Ils ont le droit de pouvoir vivre dans la dignité, c’est-à-dire disposer de ressources nécessaires, d’un logement décent et d’un niveau d’éducation suffisant : trois revendications essentielles !… « Si la charité c’est donner à l’autre ce qui est à moi, la justice c’est donner à chacun ce qui est à lui »… Il faut se risquer à leur donner la parole : « Ce ne sont pas les pauvres qui n’ont pas de voix. C’est nous qui n’avons pas d’oreilles pour les entendre ».
« On nous demande souvent pourquoi notre organisation se déclare catholique alors que son objectif n’est pas a priori confessionnel. » En réalité, « la communauté catholique répond à un appel de la société civile tout en éclairant cette démarche par la pleine lumière de Pâques, celle de la résurrection. » Car « les communautés chrétiennes ont une responsabilité spéciale envers celles et ceux qui vivent en grande misère » : « ils peuvent découvrir que ce qui nous a poussés à les rencontrer se nourrit d’une Présence. On est alors au cœur de l’évangélisation. »
Ce sont précisément ces interférences entre engagements politiques, pratiques solidaires et références spirituelles qui explicitent la vocation spécifique des associations que représentent Guy Aurenche et François Soulage. Un livre-témoignage présenté sous forme d’entretiens qui restituent une communication orale très spontanée, accessible à tous.
Daniel Fayard
Éditions de l’Atelier – 2012 – 240 p.