En introduction, l’auteur s’interroge sur la crise du lien social dans nos sociétés.
Durkheim se demandait : « comment se fait-il que tout en devenant plus autonome l’individu dépende plus étroitement de la société ». Et sa réponse était : le travail a évolué et donc aussi notre solidarité.

La pensée solidariste nous a conduits peu à peu à la protection sociale généralisée : nous sommes en dette vis à vis des générations précédentes, mais aussi de ceux parmi lesquels nous vivons, mais nous sommes également un risque pour les autres. Le contrat social après 1945 reposait sur le compromis : travailler et payer des impôts. Il était aussi admis que les femmes étaient protégées par leur conjoint…

Simmel, Elias et bien d’autres ont montré qu’il n’y avait pas un lien social mais des liens sociaux : famille, couple, métier, classe, nation. Par ailleurs l’individu recherche une approbation dans le lien qu’il tisse avec les autres. Chaque type de lien social apporte de la protection et de la reconnaissance.

Aujourd’hui la protection et la reconnaissance sont fragilisées : insécurité sociale, peur de la pauvreté, etc… Des formes de mépris se développent, par exemple à l’égard des immigrés.
Des ruptures se sont établies :
– dans les liens familiaux : abandon, mauvais traitements, éclatement des couples…
– des liens professionnels : chômage, sentiment d’être inutile…
– dans les liens de citoyenneté : exil forcé, précarité, sans domicile, sans papiers.

Face à ces défis une éthique renouvelée doit être recherchée, basée sur la responsabilité individuelle et collective
– pour passer du particularisme à l’universalisme
– pour penser ensemble la protection et la reconnaissance
– pour trouver un modèle nouveau d’intégration professionnelle, une articulation nouvelle des liens sociaux, un abaissement des barrières de l’entre-soi.

Un livre intéressant mais un peu difficile à lire malgré un véritable effort pour utiliser un langage accessible.

Jean Monge

Presses Universitaires de France – Que sais-je – 2008 – 127 p.