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L’abondance frugale

L’abondance frugale

Pour combattre les crises mondiales actuelles, Jean-Baptiste de Foucauld propose le concept d'abondance frugale : « Il ne s'agit évidemment pas de généraliser la pauvreté, mais, bien au contraire, de mettre un peu plus d'abondance là où il y a misère (en revenu... ou en temps) et plus de frugalité là où il y a excès de richesse ».

Pour une nouvelle solidarité

Dans les premiers chapitres l’ouvrage reprend des textes publiés précédemment, en raison de leur persistante actualité.

Pour J-B. de Foucauld , le développement doit satisfaire trois types de besoins – matériels, relationnels et spirituels – et pas seulement le premier d’entre eux. Il définit précisément les deux derniers en termes « d’activité relationnelle » et « de temps spirituel ». Il dénonce les deux illusions qui se donnent l’apparence de solutions : d’une part, la fallacieuse abondance libérale, d’autre part le mot d’ordre écologique de développement durable, qui n’est crédible que s’il est complété par l’abondance frugale. Il faut séparer l’essentiel du superflu, parce que, actuellement, le superflu est toujours entretenu par « un formidable processus auto-accéléré de légitimation du désir », de satisfaction la plus rapide possible ; c’est « un prélèvement inutile ou irrationnel sur des biens qui seraient nécessaires à autrui, […] prélèvement indu sur les besoins des générations actuelles et futures ».

Les derniers chapitres sont nettement plus opérationnels, plus politiques dans le sens où l’auteur défend ses convictions en termes de conduites à suivre, d’actions à promouvoir pour atteindre l’abondance frugale. Dans le chapitre intitulé civiliser le capitalisme, il propose de « remettre l’argent à sa place », en reprenant en main le système financier, en révisant le principe de concurrence – avec des règles particulières pour les services d’intérêt général -, en développant l’économie sociale et solidaire. L’Europe pourrait ainsi proposer un autre modèle de développement en adoptant ces règles.

Ces chapitres sont pleins d’enseignements sur ce que nous pourrions faire pour lutter contre le chômage, le temps partiel subi ou fragmenté, la mise à l’écart de tous ceux qui ne peuvent satisfaire aux critères de réussite et de formatage du monde du travail. Un long développement est consacré à la revendication d’une nouvelle liberté : « le plein-emploi à temps choisi », ce qui impose une articulation entre les différents temps humains, afin que le temps professionnel « ne parasite les autres temps dévolus aux capacités relationnelles et spirituelles ». L’auteur soutient avec vigueur la nécessité de créer une représentation officielle des chômeurs « pour que le chômage […] soit plus visible et de ce fait mieux combattu ». Quant au libéralisme français, il y voit un « libéral populisme soucieux surtout de séduire le contribuable ».

Dans le chapitre Zéro exclusion ?, il revient sur la notion de développement durable en la précisant cette fois d’un préalable : « le développement ‘humain’ durable et la lutte contre l’exclusion sont une seule et même chose. Il est essentiel d’aborder la question de l’exclusion de façon globale, thèse défendue depuis toujours par ATD Quart Monde ».

Le but de cet ouvrage étant avant tout politique, l’auteur propose en conclusion un pacte civique de solidarité destiné à rénover la démocratie française : lancé en 2011, il regroupe en 2015 une quinzaine d’associations dont la FNARS, Colibris et ATD Quart Monde.

Jean-Pierre Touchard

Odile Jacob – Sciences humaines – 2010 – 276 p.

On trouvera en fin d’ouvrage deux annexes de la même veine :
– un exposé de l’auteur présenté au Grenelle de l’insertion (2008) sur « les enseignements à tirer de l’expérience de Solidarités Nouvelles face au Chômage » ;
– la reproduction d’un texte intitulé « Gorz et le temps choisi, un débat inachevé ».