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La solidarité, chemin de spiritualité

La solidarité, chemin de spiritualité

L’action solidaire peut conduire à la foi.

Voilà un livre que l’on a plaisir à lire, déjà à cause de son écriture aisément accessible, mais bien davantage à cause de son argumentaire qui fait preuve d’une emprise sur les problématiques contemporaines de ceux et celles qui, engagés dans des pratiques solidaires, y découvrent ou retrouvent des dimensions spirituelles, voire chrétiennes pour certains : l’action solidaire peut conduire à la foi.

L’auteur, prêtre ayant assumé plusieurs responsabilités en milieu associatif, reconnaît que « certains pratiquent la solidarité sans parcourir aucun chemin de spiritualité », mais il témoigne que beaucoup y font « l’expérience d’un accomplissement, d’une plénitude de l’esprit et du cœur ». (Cf. l’émotion qui les met en marche lors d’une rencontre et d’un dialogue avec des personnes en situation de pauvreté) (Cf. la réflexion avec d’autres qui les conforte dans leurs initiatives pour répondre aux attentes perçues).

La vie associative offre un cadre à leurs engagements et fédère leurs énergies, quelles que soient leurs croyances ou soi-disant non croyances d’origine.

La vie politique offre un horizon à leurs actions car il s’agit de promouvoir une société qui n’accepte ni la misère ni l’injustice.

Antoine Sondag prend soin d’opérer un certain nombre de distinctions (charité/solidarité ; aide ponctuelle/accompagnement durable ; valeurs chrétiennes/valeurs républicaines ; misère/pauvretés matérielles, relationnelles, spirituelles).

Il livre des orientations et des questionnements d’une importance majeure. Par exemple : « Juger toutes choses en fonction des conséquences qu’elles auront sur les membres les plus défavorisés de la communauté humaine ». Ou encore : « Comment permettre à ceux qui vivent la pauvreté d’accéder à la parole, de faire entendre leurs voix, de communiquer leur expérience à tous les autres ? »

Il fait référence à la Bible et aux enseignements de l’Église catholique. Il relève par exemple que « Jésus ne donne pas la foi, il la trouve et s’émerveille de la trouver là où on ne s’y attend pas. » Ou encore : « Ce n’est pas forcément dans la parole que Dieu se fait reconnaître, c’est plutôt dans l’exercice du service au prochain. »

C’est pourquoi l’auteur délivre un message plein d’espérance pour l’avenir, loin des discours de ceux qu’il appelle des « déclinologues », qui s’en tiennent à la perte d’influence de l’Église institutionnelle.

Au gré des chapitres, on trouve également quelques portraits emblématiques : Martin de Tours, Charles de Foucauld, Simone Weil.

Daniel Fayard

Éd. Salvator – Forum – 2008 – 198 p.

Compte rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 208 : Les religions, leviers ou linceuls pour le combat des pauvres ?