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La lumière de ma mère

La lumière de ma mère

Après avoir rendu hommage à son père dans « La Cité de mon père » (2021), Mehdi Charef dresse ici un véritable hymne à sa mère.

Sous la forme originale d’une multitude de fragments de vie et de souvenirs, évoqués chacun parfois en une demi-page, souvent en une ou deux pages, rarement davantage, il décline avec beaucoup d’empathie tout l’attachement d’une mère pour son fils et d’un fils pour sa mère. Aussi bien dans le contexte de leurs racines familiales au cœur d’un village algérien que dans celui de leur transplantation au bidonville, puis à la cité de transit, de Nanterre.

Cet attachement d’amour filial pour sa mère est éprouvé très tôt. A ma naissance, mon père était absent. Elle m’a porté seule, ma mère. Il s’est créé entre elle et moi une entente bien plus forte que la fusion. J’étais elle, elle était moi. Elle ressentait ce que j’éprouvais et je vivais depuis son intérieur. Elle me serrait sur son dos avec force, j’étais son fardeau. Et au fil des années, l’admiration du fils pour sa mère s’illustre par la mise en valeur de toutes ses qualités : son dévouement pour les siens, son courage, son ambition, son opiniâtreté, sa fierté.

Au final, il s’en dégage un portrait assez émouvant, car y sont rapportées des relations assez intimes dans un langage très simple, parfois poétique, d’une empreinte chaleureuse.

Et au terme de ce témoignage, l’auteur dresse le bilan de ce qu’il doit à ses parents, justifiant le bien-fondé du choix qu’ils ont fait :
Ma mère pense qu’elle a été utile, comme mon père… Choisir l’exil, c’est une terrible déchirure… Pour que les parents gagnent, il fallait que leurs enfants deviennent utiles à leur tour, qu’ils rendent ce qu’ils devaient à leur mère et à leur père. Le père, la mère reconnaissent alors avec un soulagement merveilleux que leur mission est enfin accomplie. La mère a la confirmation que l’exil était le bon choix, le seul, l’unique : « On n’a pas fait ça pour rien » !

Daniel Fayard

Éditions Hors d’atteinte – 2023 – 167 p.

Compte-rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 266 : Peindre et dépeindre.