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La complainte du sentier

La complainte du sentier

Une fresque bouleversante de la vie d'une famille pauvre dans un petit village du Bengale, portée à l'écran par Satyajit Ray en 1956.

Pather Panchali

La Complainte du Sentier est mieux connu en France sous la forme de son adaptation cinématographique, Pather Panchali, par le réalisateur indien Satyajit Ray, révélée au public en 1956. On se souvient de cette fresque bouleversante de la vie d’une famille pauvre dans un village du Bengale. Le roman de Bibhouti Bhoushan Banerji, grand écrivain bengali (1899-1950), est en effet un roman social, publié en 1929, qui dépeint la vie d’une famille de brahmanes pauvres, au père souvent idéaliste, à la mère qui lutte pour la survie quotidienne de ses deux enfants, quitte à mépriser sa vieille parente et lui refuser le gîte.

Ce portrait de famille au quotidien est d’une vérité psychologique saisissante : qu’il croque la vieille grand tante, et ouvre la réflexion sur la vieillesse et la mort, ou qu’à l’inverse il porte sur le monde de l’enfance. En effet, le héros du livre est Apou, petit garçon que le lecteur suit dans ses frasques avec sa sœur Dourga. Des courses dans la forêt de bambous, où les orages d’été surprennent les enfants alors qu’ils sont partis ramasser les mangues vertes, aux cueillettes de jujubes et caramboles, aux histoires d’épopées indiennes écoutées de longues heures de la nuit, aux fêtes de village, à la découverte de la lecture enfin, c’est une merveilleuse plongée dans le monde de l’enfance que propose Banerji.

Ce récit est également pour le lecteur une occasion de plonger dans l’Inde rurale, d’en percevoir le rythme, les traditions rituelles (de nombreuses pouja – rituels de dévotions – et rites funéraires sont décrits), mais aussi l’évolution : le train, intrusion de la modernité dans ce microcosme, fascine Apou. Il l’emportera, lui et sa famille, loin de ces zones reculées et de son passé, vers la grande ville Bénarès. Le roman s’arrête là, mais pas la vie d’Apou, que le lecteur ou le spectateur peuvent suivre dans « Aparajita » (L’Invaincu), également porté à l’écran par Satyajit Ray.

Éditions Gallimard – Connaissance de l’Orient – 2002 – 245 p.

Cette fresque est l’histoire universelle d’une famille pauvre, avec la faim criante – la grand tante achètera une pomme cannelle avec l’argent de la famille et ne sera pas pardonnée -, la maladie – celle qui emportera la jeune Dourga -, les difficultés de tous les jours dans un monde rural où la nature peut se montrer généreuse et hostile. L’incroyable poésie de l’œuvre et sa finesse psychologique, largement servie par la traduction de F. Bhattacharya, en font un des grands romans de la littérature indienne.