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Investir dans le social

Investir dans le social

Face à la crise de l'État-providence, un plaidoyer très documenté sur la relance d'un État-social actif ou d'investissement social, selon l'expression de Jacques Delors. Un livre qui développe ce que devrait être la refonte d'un bon nombre de nos systèmes sociaux, basée sur la solidarité.

Dans le premier chapitre, « De l’État-providence à l’État d’investissement social », l’auteur montre comment la protection sociale, indispensable face au risque, n’est plus suffisante. L’État doit investir dans le social pour permettre à chacun d’accéder à l’autonomie par l’emploi. Il doit tout d’abord lutter contre les inégalités dans l’accès à l’emploi, accentuées par les mutations actuelles et la crise.

Concilier les exigences contradictoires de la flexibilité et de la sécurité :
– promouvoir la flexibilité interne, aussi bien dans les entreprises que dans l’administration ;
– encourager les groupements d’employeurs : en milieu rural et pour les services à la personne par exemple.

Aider au retour à l’emploi :
– élargir l’assurance-chômage à l’ensemble des employeurs et des salariés ;
– augmenter l’allocation pour les faibles salaires, mettre le plafond plus bas, prévoir une plus longue durée pour ceux qui sont le plus loin de l’emploi.

Vers une solidarité active :
– La partie accompagnement du RMI n’a pas toujours été mise en œuvre.
– Les départements sont maintenant chargés de l’accompagnement, ce qui peut entraîner un risque d’inégalités.
– Sont exclus du RSA : les jeunes de moins de 25 ans, les citoyens des États n’appartenant pas à l’espace économique européen – sauf s’ils disposent depuis au moins cinq ans d’une carte de séjour autorisant à travailler -, les étrangers en situation irrégulière.
– Le revenu minimum garanti par la France est très modeste.

L’éducation initiale est au cœur des inégalités :
– Le « rendement » de l’investissement dans l’éducation est très élevé en France : le diplôme a une incidence très importante sur l’emploi et le salaire (revenus privés) et par conséquent sur les impôts directs et cotisations sociales (revenus publics).
– Les disparités de cursus sont très nettes en fonction de la catégorie socio-professionnelle du chef de famille et en fonction des revenus.
– L’éducation valorise la transmission des connaissances et le partage des valeurs de la République plutôt que le développement des compétences. Selon les enquêtes internationales, l’écolier français est moins imaginatif, ne prend pas de risque et manque d’assurance.
– Les mécanismes d’orientation, le détournement de la carte scolaire, l’aide aux devoirs à la maison renforcent les inégalités.

Développer la formation au-delà de la scolarité obligatoire :
– université : augmenter les droits d’inscription et proposer des prêts à taux très bas, remboursables quand le salaire le permet.
– réorganiser la formation continue qui, actuellement, profite surtout aux mieux formés, pour permettre aux salariés de progresser ou de se reconvertir.

Redéfinir la politique familiale :
– rendre les soutiens plus adaptés au revenu des familles ;
– prendre en compte les risques d’instabilité de la structure familiale ;
– faciliter la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale.

Investir dans le développement de l’enfant dépasse le champ du scolaire pour englober l’accueil de la petite enfance, l’aide à la parentalité, la lutte contre la pauvreté infantile, l’aide à l’insertion des adolescents. Du point de vue de l’égalité des chances, l’État doit apporter plus aux familles qui peuvent donner le moins. Un service public de l’enfance devrait intervenir jusqu’à dix ou douze ans dans tous les domaines concernés : mode de garde, activités extra-scolaires, santé, traitement des difficultés familiales ou sociales.

Annick Mellerio

Odile Jacob – 2009 – 288 p.