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Inégalités mondiales

Inégalités mondiales

Le destin des classes moyennes, les ultra-riches et l'égalité des chances

Ce livre présente une description comparative de l’évolution des inégalités
– à des périodes différentes de l’histoire, dans des pays développés et dans des pays pauvres, avant et après la révolution industrielle puis à l’heure de la globalisation et des récentes révolutions technologiques, mais surtout,
– à différents échelons géographiques, c’est-à-dire à l’intérieur d’un pays (en prenant des pays représentatifs par leur importance économique et/ ou l’importance de leur population), puis en comparant l’évolution des inégalités de plusieurs pays entre eux et enfin, démarche plus nouvelle défendue par l’auteur, à l’échelon mondial.

L’étude montre quelles sont les forces économiques, politiques, technologiques qui ont entraîné une hausse ou une baisse des inégalités, forces qui, elles-mêmes, peuvent subir l’influence positive ou négative de phénomènes parfois imprévisibles (comme par exemple des catastrophes).

La base de départ de l’auteur est d’interroger, à l’heure de la globalisation, la pertinence de la courbe de variation des inégalités mise en lumière par l’économiste Kuznets, qui montre que les inégalités sont faibles dans un pays à faibles revenus, qu’elles s’accroissent au fur et à mesure que le pays se développe jusqu’à décroître lorsque le pays a atteint de hauts revenus (courbe de Kuznets, ou, courbe de l’éléphant, que l’auteur préfère appeler vague de Kuznets).
Cette observation des variations des inégalités permet de mettre en lumière la nature ambivalente de la mondialisation, d’en comprendre à la fois les bienfaits et les méfaits sur les inégalités.
Elle permet à l’auteur d’envisager, dans sa dernière partie, plusieurs scénarios possibles pour les années à venir, scénarios dans l’ensemble assez pessimistes tant les conditions pour que les inégalités baissent durablement au niveau mondial sont nombreuses et diverses, ce qui rend peu probable leur réalisation concomitante.

Au-delà des aspects techniques qui échappent en partie aux non spécialistes de l’économie, ce livre apporte un éclairage sur l’actualité. Il explique les processus qui affectent en particulier les ex-pays riches, dont la classe moyenne connaît globalement un déclin, tant sur le plan financier qu’en nombre de personnes la composant. Cette classe moyenne n’est plus en mesure d’assurer l’équilibre nécessaire à la démocratie qui a été confisquée (et détournée) par une minorité d’ultra-riches (appartenant aux ex-pays riches ou aux pays émergents) qui concentrent à la fois les revenus du capital et ceux du travail et sont devenus maîtres du pouvoir politique. Ce nouveau capitalisme aboutit soit à des ploutocraties, soit à des populismes.

Le livre montre aussi toute l’importance qu’il y aurait, pour les pays, à penser leur politique au regard de la mondialisation, dans la perspective d’améliorer la situation de l’humanité, au lieu de se parer contre ses méfaits. La réflexion sur d’autres possibilités de traiter les problèmes de migration (conséquence la plus évidente des inégalités au niveau mondial) en la facilitant tout en préservant les droits des citoyens des pays d’accueil en est un exemple. Celle sur l’erreur et les effets pervers d’un traitement des inégalités par catégories (le genre, les communautés, les minorités) au lieu de n’appréhender que leur place et leur rôle dans l’économie, ouvre également des pistes qui pourraient nourrir les débats actuels sur ces sujets.

Brigitte Bureau

Editions La Découverte – 2019 – 285 p.

Compte rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 251 : Chanter la dignité