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Douala & Kigali

Douala & Kigali

Quelles interactions possibles entre les centres-villes modernes et les quartiers d'habitat précaires dans deux métropoles africaines ?

Villes modernes et citadins précaires en Afrique

L’auteur est un universitaire spécialisé dans la conception et la mise en œuvre de projets en direction des pays du Sud. Ce livre contient ainsi de nombreuses références relatives aux lois et aux conférences internationales.

Benjamin Michelon  insiste sur la nécessité de projets de réhabilitation des quartiers précaires en précisant que : « la solution n’est pas de démolir les maisons des populations des bidonvilles mais d’améliorer leur environnement urbain en associant les habitants pour déclencher un cercle vertueux de développement urbain ».
Dans cet essai, il relève que les quartiers précaires sont des lieux d’insalubrité et de violence mais aussi des quartiers d’insertion sociale. L’enjeu, avec l’important essor urbain, est de transformer ces espaces de relégation en permettant notamment aux habitants de mieux accéder aux services publics et au quartier de profiter des flux mondiaux.
Après ces efforts de définition et de mise au clair, l’essai analyse plus finement deux villes, Kigali et Douala, et, pour chacune d’elle, un de leurs marchés.

Pour le marché Biryogo de Kigali, il s’agit beaucoup de réconcilier une population traumatisée par le génocide de 1994 (1 million de morts).  Il existe par exemple, le dernier samedi du mois, l’umuganda : chaque habitant doit participer à des travaux communautaires qui consistent à nettoyer les rues, à planter des arbres… L’administration est présente pour régler des litiges mineurs.
A l’entrée du marché, on trouve surtout de jeunes hommes vendant des produits peu chers fabriqués en Chine alors que, sur la plate-forme, ce sont essentiellement des produits vivriers vendus par des femmes. Les marchés sont souvent le seul espace public de ces quartiers. La croissance est faible et provient essentiellement du fait que la ville a le statut de capitale.

Dans les quartiers précaires de Douala, il existe quatre défis : l’éclairage public, l’assainissement, l’approvisionnement en eau et les infrastructures routières.
L’intervention de l’Etat est sujette à caution car il existe des tensions entre la planification urbaine et les habitants de ces quartiers. Le Cameroun est resté en lien avec l’ancienne puissance coloniale, la France, mais pour l’Occident il faut en priorité encourager la modernité du centre-ville pour l’insérer dans l’économie globalisée. Cela a entraîné des  révoltes urbaines et des opérations ville morte.

En conclusion, l’auteur propose pour ces quartiers précaires la promotion d’une écologie urbaine qui prendrait en compte les pratiques et usages de chacun.

« Au cours de l’histoire urbaine, les bidonvilles ont longtemps été considérés comme un effet transitoire de la croissance urbaine voué à la destruction, dont les habitants seraient absorbés par les nouveaux logements construits lors des processus de planification. Progressivement, les organisations internationales prennent conscience que les bidonvilles ne sont plus des sas d’urbanisation. Elles comprennent qu’au vu des résultats des politiques menées dans les pays développés il est nécessaire de mettre en œuvre des politiques de valorisation et de réhabilitation en protégeant les habitants de ces territoires. »

Karthala – Hommes et sociétés – 2016 – 307 p.