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De l’État providence à l’État accompagnant

De l’État providence à l’État accompagnant

Inventer une politique de l'accompagnement inscrite dans une écologie du comportement et du rapport aux autres, en résistant à la prégnance du modèle économique.

« Pointer les défis auxquels nos sociétés sont confrontées… Esquisser les chemins du possible… Donner sens, contenu et assise à une politique orientée vers l’autonomie des personnes et l’émancipation collective… ». Tel est le fil rouge des réflexions de Serge Guérin, sociologue, développées en cinq chapitres faciles à lire : des révolutions silencieuses ; une société sous tensions ; repenser les échanges ; les solidarités de proximité ; société de marché ou société qui marche ?

Parmi les révolutions silencieuses, de profondes mutations démographiques s’opèrent sous nos yeux au point que la France de 2040 verra l’arrivée d’un nouveau senior (75 ans) toutes les 37 secondes et celle d’un nouveau nourrisson toutes les 42 secondes seulement. Par ailleurs, dès maintenant l’avènement du Net a déjà profondément modifié la nature et l’intensité des liens sociaux.

La nouvelle sociologie des seniors révèle leur poids économique, social et politique : les retraités constituent 75 % de la clientèle des pharmacies et 33 % de celle des marchands de jouets. Aux élections européennes de 2009, ils ont représenté 50 % des votants. Tandis qu’une grande partie du corps social éprouve une vulnérabilité croissante, fait preuve de pessimisme par rapport à une hypothétique sortie de crise, redoute même le risque de chute sociale. Autant de tensions aisément repérables de nos jours.

L’auteur en appelle à une résistance face à la prégnance du modèle de l’homo œconomicus et de la recherche de la productivité à outrance. Il veut encourager le développement d’une écologie sociale, d’une nouvelle coopération entre générations, de réseaux locaux d’échanges et de solidarités. Il plaide pour la réhabilitation du travail des seniors, pour la hausse de l’impôt sur les revenus, pour une politique d’accompagnement des personnes dans tous les domaines de l’existence, aussi bien pour leur progression personnelle que dans leurs moments de vulnérabilité. Pour lui, l’État est en charge d’un tel investissement social en faveur d’une société de bienveillance et non de surveillance.

Et, citant Albert Camus « Le bonheur des plus humbles d’entre nous, cela nous appartient en propre » (in Combat du 21 août 1944), il n’hésite pas à affirmer que « la qualité d’une démocratie se mesure à sa capacité à prendre en compte et à soutenir les besoins des plus fragiles, des plus vulnérables ». Ou encore : « L’utilité du plus faible est essentielle : il émet des signaux qui nous poussent à agir, à adapter notre comportement pour le prendre en compte, et donc plus largement à prendre en compte la communauté des plus faibles. »

Daniel Fayard

Michalon – 2010 – 282 p.