Le journalyseur

Carole Le Floch relate et analyse dans ce livre les étapes qui l’ont menée de la rue à une participation reconnue à différentes instances relevant du domaine de l’aide sociale : la reconnaissance du savoir d’expérience, l’aptitude à soutenir ceux qui sont dans la même situation, la capacité à pratiquer la « co-formation » avec d’autres.

L’auteure part de son journal quotidien. Elle analyse avec précision et une très grande sincérité, parfois chargée d’émotion, les difficultés voire les peurs qu’elle rencontre lorsqu’elle participe à ces réunions et ces projets : comment se positionner notamment dans la remise en question d’une aide dont on bénéficie ? ne pas servir d’alibi ; comment dépasser les problèmes de langage lorsque son témoignage est retraduit et déformé ? comment se sentir légitime si sa participation n’est pas rémunérée ?…

La publication de ce livre est une étape très importante dans sa vie mais elle n’apaise pas l’ensemble de ses problèmes personnels. « Et après ? » écrit Carole Le Floch qui passe en revue tout ce à quoi elle doit se confronter : peur de manquer d’argent ; difficultés dans les relations avec les autres ; comment se poser, se rattacher à un point fixe ; troubles cognitifs.

Son expérience doit pouvoir servir à d’autres, leur redonner confiance en eux, en leur « pouvoir d’agir ». C’est également une mine d’informations pour qui veut comprendre dans quelle direction enrichir le travail social en développant ce « penser ensemble ».

Élisabeth Dartiguenave

L’Harmattan – Recherches en action – 2021 – 206 p.

Compte rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 260 : L’écrémage des pauvres : retour sur l’Histoire