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Comment les riches détruisent la planète

Comment les riches détruisent la planète

« On ne pourra pas diminuer la consommation matérielle globale si les puissants ne sont pas abaissés et si l’inégalité n’est pas combattue. »

C’est un livre à relire dans le cadre des défis du Mouvement ATD Quart Monde pour les années à venir. En effet, il faut verser au débat citoyen pour l’éradication de la misère la thèse du journaliste Hervé Kempf, en ne s’arrêtant pas au titre qui peut paraître provocateur.

Il fait une analyse globale liant le social, l’écologie et le politique, tout en observant attentivement la réalité du monde. Il cite de nombreux exemples (la grande décharge de Guatemala Ciudad, les quartiers de Paris qu’il fréquente et ses exclus) et de nombreux auteurs (James Lovelock, peu connu en France, inventeur du concept plus connu de Gaia) et Thorstein Veblen, né en 1857, qui postule que « le principe de consommation ostentatoire régit la société ».

Explicitant les conséquences de cette consommation à outrance par mimétisme avec les classes supérieures, Hervé Kempf apporte un point de vue qui est encore nouveau en 2010 sur tous les problèmes de notre époque. Perte de la biodiversité, tarissement des hydrocarbures, pollution chimique de la terre et des océans, réchauffement climatique, extrême pauvreté ne doivent pas être pensés séparément. Selon lui, seule la prise de conscience que tout est lié peut sauver notre monde : Il faut « penser globalement et agir localement » mais aussi « consommer moins, répartir mieux » ; enfin « on ne pourra pas diminuer la consommation matérielle globale si les puissants ne sont pas abaissés et si l’inégalité n’est pas combattue ».

Les puissants du monde qui décident et agissent sans contrôle démocratique mènent le monde à sa perte. L’auteur consacre un chapitre entier (chapitre V) à la question de la démocratie en danger (l’alibi du terrorisme, la prison pour les pauvres, la criminalisation de la contestation politique, la surveillance intégrale, la trahison des médias, etc.). Son propos est radical mais accessible et humaniste. Il prône l’urgence.

Il analyse, dans le chapitre VI, les obstacles – les idées reçues : notamment la croyance en la croissance et au progrès technique, la fatalité du chômage, la conception d’une prétendue communauté de destin Amérique du Nord-Europe – et les forces qui seraient capables d’entraîner les changements nécessaires. […]

Ce livre, qui n’est pas pessimiste, donne des clefs de lecture pour comprendre et agir.

Marie-Hélène Dacos-Burgues

Seuil – Points Essais – 2007 – 150 pages

Compte rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 215 : Développement durable : avec ou sans misère ?