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American Dream

American Dream

Une analyse du traitement social des populations pauvres aux États-Unis, des années 1960 à 2004, illustrée par les récits de vie de familles en grande difficulté

Trois femmes, dix enfants et la fin de l’aide sociale aux États-Unis

Cette étude d’un journaliste du New York Times, spécialiste de politique sociale, s’articule autour du projet adopté par Bill Clinton en 1996 : « mettre un terme à la pauvreté en procurant du travail », ou plus démagogiquement : « mettre fin à l’aide sociale telle que nous la connaissons »; ce qui lui valut d’être élu et encouragé à la fois par des démocrates et des républicains.

Les diverses mesures pour remédier à la multiplication des ghettos mais aussi au poids des aides publiques sur le budget de l’État sont analysées.

A la suite de la récession de 1929, des secours avaient été apportés aux enfants des travailleurs pauvres et aux mères. En 1962, l’Aide aux Familles et aux Enfants, mise en place par Roosevelt, ne concerne encore que les actifs. Jusqu’en 1985, les mères célibataires sont prises en charge, les 2/3 des assistées étant noires, avec un revenu garanti, à condition de travailler, et donc de faire garder leurs enfants, ce que les conservateurs chrétiens désapprouvent.

En 1984, Charles Murray, chercheur en sciences sociales, dénonce, dans un livre intitulé Losing Ground, l’aide sociale qui dégrade les pauvres, en les détournant du travail, du mariage et des bonnes mœurs. Des théoriciens proposent aux chômeurs soit des emplois publics, soit un travail obligatoire. Clinton propose l’augmentation des aides sous prétexte de dépenser plus pour obtenir plus. Bush senior, avec le Family Support Act et son programme JOBS, fournit une formation aux allocataires, financée par l’État fédéral et administrée par les gouverneurs des États.

En 1991, Clinton accepte de limiter l’aide à deux ans, en promettant de pourvoir à la formation, à un emploi, à un revenu garanti, à la scolarisation des enfants et surtout à l’aide médicale. Il décide ensuite de n’aider que les mères de moins de vingt-deux ans, et enfin, après maints atermoiements, de plafonner les dotations, comme le préconise le Congrès. Il s’est alors avéré que moins les mères percevaient d’allocations, plus elles avaient d’enfants.

La troisième partie, L’ère post-aide sociale, souligne différents problèmes :
– l’importance des travaux pénibles, répétitifs ou sans intérêt ;
– les primes à l’emploi sont plus élevées que les salaires pour une heure de travail : 8,35 $ contre 6,50 $ ;
– le travail au noir très souvent pratiqué ;
– les frais de transport et de garde d’enfants rognant sur les revenus, les budgets mal gérés.

Cette étude est illustrée par les récits de trois femmes noires, devenues mères encore adolescentes. Elles fuient le ghetto de Chicago, aux loyers trop chers et aux allocations faibles, pour Milwaukee, dans le Wisconsin proche, où elles changent souvent de logement, de travail, de compagnons, mais restent solidaires de leur famille et toujours attachées à leurs enfants.

Ouvrage riche de données concrètes et de références aux politiques, (souvent mal ajustées comme l’auteur se plaît à le démasquer), mais il se lit très facilement.

Clémence Boyer

Édition Panama – 2007 – 575 p.