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Aide alimentaire, les protections sociales en jeu

Aide alimentaire, les protections sociales en jeu

Apports et limites d’une aide passée du registre uniquement caritatif au XIX siècle à un soutien plus ou moins assuré par l’État après 1945.

Dédié à « toutes les personnes dont le chemin se croise au cœur de l’aide alimentaire » cet ouvrage s’appuie sur des publications françaises et belges mais le cadre juridique décrit et les enquêtes évoquées sont belges .
Son objectif est d’aider à comprendre la complexité du phénomène.  Discrète, hétérogène et innovante, l’aide alimentaire produit une diversité de structures qui ont en commun la précarité des moyens.

Un état des lieux inventorie différents modes d’aide alimentaire qui ont cours actuellement  en Belgique : restaurants sociaux, distributions de colis, épiceries sociales. Même souci d’approvisionnement et de financement pour tous les prestataires, aussi bien  privés que  publics. Mêmes interrogations sur la pertinence de la gratuité pour les bénéficiaires, sur la qualité et la variété de l’approvisionnement et sur les moyens matériels et humains.

Les intervenants, services sociaux et associations, ont aussi le même sentiment d’impuissance (les  perspectives de sortie de la pauvreté sont réduites pour bien des familles) et la certitude que leur action ne touche pas tous les plus démunis.

Chez eux, la crainte de reproduire les rapports de domination, qui sont à la base de l’exclusion et des inégalités sociales, et d’entretenir une certaine  « vision du pauvre » est aussi présente… Un collectif propose d’observer les pratiques à partir de la notion de bien-être, avec cinq dimensions : matérielle, relationnelle, corporelle, décisionnelle et temporelle. 

L’expérience des deux guerres a engendré  la construction de la politique sociale, surtout après 1945. Peu à peu et jusqu’aux années 8o la place de l’aide alimentaire a diminué. Mais ensuite  l’État social a été  jugé trop coûteux et inefficient. Les aides proposées sont devenues  davantage des « incitations à l’intégration sur le marché ». Les aides sociales, pensions et assurances ont été révisées. La dégradation se poursuit aujourd’hui et amène des questions cruciales sur ce que doit être le soutien aux plus défavorisés.

Des travailleurs de terrain témoignent de leurs espoirs déçus et s’interrogent sur  leur engagement. Des usagers d’épiceries solidaires analysent les bienfaits et les insuffisances de ces structures. Ils soulignent le rôle crucial de l’accueil.

Le dernier chapitre ouvre la question des «promesses et des limites de l’alimentation durable ». Comment faire en sorte que les plus démunis accèdent à une alimentation saine, à base de produits locaux, et lutter en même temps pour la sauvegarde de la planète ?

Dans sa conclusion, Deborah Myaux s’appuie sur les travaux de J. Stiglitz et d’autres chercheurs pour remettre en cause les modèles de l’économie libérale et analyser ce que pourrait être le rôle de chacun dans le grand champ des solidarités, car « vaincre la pauvreté est un choix de société ! »

Catherine Cugnet

L’Harmattan – Academia – 2019 – 236 p.