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A quand l’Afrique ?

A quand l’Afrique ?

Une série d'entretiens au cours desquels un historien burkinabé nous fait découvrir une autre Afrique, avec une conception du développement plus centrée sur la solidarité.

Entretien avec René Holenstein

Un historien français, spécialiste du développement, interroge un historien burkinabé qui a contribué à faire redécouvrir l’histoire propre de l’Afrique, différente de l’histoire écrite par le colonisateur. Divers thèmes sont abordés :

– La mondialisation : « Entraîner toute l’Afrique dans le marché, sans préparation, c’est vouloir l’abolition de la civilisation et de la culture africaines ».

– Guerre et paix : « L’ingérence extérieure a une influence notable, voire déterminante dans certains conflits, en particulier là où il y a de grandes réserves de minerais rares ou des sources d’énergie ». Le règlement des conflits doit se faire au niveau du continent, sous l’influence des plus grandes puissances (Nigeria, Algérie, Afrique du Sud). « L’unité africaine est un des antidotes de la guerre en Afrique aujourd’hui ».

– Démocratie : « L’Etat africain traditionnel était une instance de gestion du bien commun. Il a été écrasé par la colonisation ». Les chefs d’Etat africains actuels ont tendance à considérer les biens publics comme des biens patrimoniaux et à diriger sans vouloir répondre de leurs actes. L’auteur prône la constitution d’un Etat africain fédéral : « Nous ne pouvons pas rester éternellement prisonniers des frontières que les colonisateurs ont installées. Il faut d’une manière ou d’une autre une refondation de type fédéral avec à la base une décentralisation maximale pour des entités réellement authentiques ».

– Science et recherche : Il faut mettre en valeur les savoirs traditionnels et organiser une communauté scientifique africaine pour faire progresser la recherche.

– Droits des hommes et des femmes : Les constitutions des Etats africains reconnaissent ces droits mais souvent ceux-ci sont vidés de leur réalité par des lois ou des décrets : « Ils les détruisent au fil des ans au profit de l’exécutif et aux dépens des pouvoirs législatifs des Assemblées ».

– Les femmes africaines : « Elles n’ont aucun complexe d’infériorité et disposent d’une capacité créatrice, d’une force d’initiative qui est frappante dans tous les domaines. A terme, c’est une garantie absolue pour la libération ».

– Développement : Au lieu d’essayer de rattraper les pays développés, ce qui est de toute façon irréaliste au niveau de la planète, l’Afrique doit inventer un autre développement et s’organiser comme continent avant de descendre « dans l’arène ». Il faut transformer le système éducatif, le baser sur les langues africaines et développer la formation civique sur la démocratie et l’État de droit.

Un livre très intéressant, plutôt facile à lire, donnant un autre visage de l’Afrique, plus centré sur le développement que sur la pauvreté, et sur la conception d’une économie fondée sur la solidarité.

Annick Mellerio

Editions de l’Atelier – Poche essai – 2013 (réédition) – 240 p.