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Quand les plus pauvres deviennent acteurs
Description
Prolongement d’un colloque international organisé à Cerisy-la-Salle, un des événements marquant le centenaire de la naissance de Joseph Wresinski en 1917, cet entretien inter-académique a été introduit par Axelle Brodiez-Dolino.
Historienne et chercheuse au CNRS, elle travaille sur l’histoire de la pauvreté/précarité au XXe siècle. Elle rappelle tous les aspects du savoir que J. Wresinski a défini comme le socle de l’action du Mouvement qu’il a créé. Elle montre comment des actions fondamentales pour ATD Quart Monde, comme les bibliothèques de rue et les Universités populaires, sont nées de cette préoccupation à partir du bouillonnement de 1968.
Dans la première partie du colloque, La mémoire des exclus pour repenser l’histoire, historiens et militants d’ATD Quart Monde analysent la façon dont les très pauvres sont perçus, essentiellement en fonction des « papiers », traces écrites de leur prise en compte par l’État sous l’Ancien Régime. Perçus comme source de désordre et de danger, ils se perçoivent eux-mêmes comme victimes. La reconnaissance de leur souffrance et de leur statut de personne capable leur permet de sortir de leur position de victime…
La deuxième partie Croisement des savoirs pour penser un monde commun annonce la nécessité d’une reconnaissance des plus pauvres comme partenaires pour une meilleure connaissance de la pauvreté trop souvent restreinte à des chiffres et des pourcentages. Comme le dit Martine Le Corre, militante Quart Monde membre de la Délégation Générale du Mouvement, « croiser les savoirs c’est faire la démonstration que les savoirs sont pluriels et que le savoir de l’un, lorsqu’il est partagé, peut enrichir le savoir de l’autre et vice versa. »
L’alternance des interventions d’historiens et de personnes issues ou proches de la grande pauvreté illustre cette complémentarité.
L’intervention de Mireille Delmas-Marty ajoute la dimension juridique. Elle montre que la notion de fraternité qui figure dans la devise de la République et dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est l’élément d’un droit « conciliateur et pacificateur ». Ce droit fait du « vivre ensemble » l’objectif et le moyen de faire face aux grands défis de notre époque : « Quand les plus pauvres font don de leur expérience vécue, ils contribuent à consolider cette maison que l’on nomme Terre ».
Pour conclure, Angela Melo, Directrice des Programmes et politiques pour le Secteur des Sciences Humaines et sociales de l’UNESCO, souligne le défi qui nous est donné : « Donner aux personnes pauvres et aux exclus des moyens pour leur autonomisation, leur liberté, et la prise en charge de leur propre destin ».
Catherine Cugnet
Académie des inscriptions et belles lettres – 2019 – 110 p.