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Nos enfants demain : pour une société multiculturelle
- Migrations, Enfance, Psychologie
Description
Marie Rose Moro reçoit depuis de longues années des parents, des enfants et des adolescents qui éprouvent des difficultés d’adaptation relationnelle en famille, à l’école, en société, parce qu’ils viennent d’un autre pays, d’une autre culture : ils sont fils ou filles d’immigrés ou ont fait l’objet d’une adoption internationale. Elle est psychiatre, psychanalyste, chef de service aux hôpitaux Avicenne (Bobigny) et Cochin (Paris). Elle y pratique avec d’autres professionnels la « psychothérapie transculturelle ».
Il s’agit de « mobiliser les possibilités du sujet en s’appuyant sur les ressources pré-migratoires, mais aussi sur la nouvelle liberté que la personne peut conquérir dans la migration ». Cela s’opère par un travail d’accueil, d’écoute, de dialogue, de relecture, de questionnement en offrant la médiation d’un traducteur adéquat qui permet aux intéressés de pouvoir s’exprimer aussi bien dans leur langue maternelle qu’en français.
Ce livre fait part de sentiments diffus d’infériorité, de repliements sur soi, de multiples situations de blocage psychologique, d’excès de mutisme ou d’agressivité (voire de révolte et de haine), de déchirements entre tradition et modernité, d’« empêchements de tendresse », d’angoisses, d’échecs scolaires… autant d’obstacles à la construction et à la valorisation de soi.
Marie Rose Moro tente de les analyser, d’en comprendre les mécanismes et les ressorts, d’explorer des chemins de libération. Dur travail d’accompagnement pour conforter chez ces enfants de migrants le double processus de filiation et d’affiliation que tout enfant est appelé à assumer progressivement, mais qui leur est rendu plus difficile en raison du clivage entre « le dedans familial et le dehors ».
Cette expérience professionnelle de l’auteure est sous-tendue par sa vision à long terme. « Les migrants seront bientôt plus nombreux dans le monde que les autochtones, ceux qui naissent et grandissent dans un même lieu, dans un même contexte culturel… C’est pourquoi les enfants de migrants sont des précurseurs, ils doivent inventer des manières d’être et de faire qui reconnaissent l’histoire de leurs parents et leur permettent d’assumer de nouvelles positions dans un monde qui est ici maintenant le leur…mais qui continue encore à les penser différents, à les exclure, à les laisser à la marge. »
Daniel Fayard
Odile Jacob – 2010 – 247 p.
Un ouvrage facile à lire, dont les développements sont néanmoins étayés par des travaux universitaires en psychologie bien sûr, mais aussi en linguistique et en sciences de l’éducation.