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Logement et cohésion sociale
- Logement
Description
Le mal-logement au cœur des inégalités
Les deux auteurs sont des spécialistes du problème du logement social, l’un, docteur en économie, est directeur de FORS-Recherche sociale ; l’autre, docteur en sociologie, est directeur pour le logement des défavorisés à la Fondation Abbé Pierre.
Dans une première partie, ils recensent les diverses catégories des mal-logés, à la fois urbains et ruraux, qui se chiffrent à trois millions, à savoir :
– les SDF, 100 000 environ, assistés par des systèmes d’hébergement d’urgence et/ou d’hébergement d’insertion ; parmi eux certains ont un travail précaire ou trop mal rémunéré pour s’offrir un toit ;
– les hébergés, par la famille, par des amis, souvent de façon temporaire ;
– les menacés d’expulsion qu’une loi de 2004 protège au moins par un moratoire s’ils sont de « bonne foi » ;
– ceux qui sont logés dans des hôtels meublés, plus ou moins sordides et chers ;
– ceux qui sont acculés à recourir à des logements indignes : 400 000 à 600 000 suivant l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) ;
– 55 % des jeunes, 1/5 des étudiants, paradoxalement ceux qui travaillent en plus de leurs études n’ont pas le droit à des aides au logement ;
– les gens du voyage, qui souvent voudraient se sédentariser, voire acheter leur terre, mais n’ont pas le droit à des aides, les caravanes n’étant pas considérées comme des logements ;
– les saisonniers, du tourisme et de l’agriculture, qui sont souvent abrités dans des dortoirs payés sur leurs salaires ou contraints à coucher dans des chambres d’hôtel ou en camping ;
– les immigrés, sur-représentés dans des HLM de la périphérie, parfois dégradées et par suite ghettoïsées.
Dans la deuxième partie, les auteurs exposent les causes de ce mal-logement, notamment le décalage entre l’offre et la demande. En effet, paradoxalement, grâce à l’aide à la pierre et à l’attrait des Français pour la propriété, il s’est construit 2,5 fois plus de logements pour gens aisés depuis 5 ans, alors que 800 000 logements manquent en 2006. Sans doute, des mesures ont été prises pour faciliter le logement : lois de Robien, Borloo, Prêt locatif aidé (PLA), Programme local de l’habitat (PLH). Une décentralisation sous la responsabilité des préfets et des conseils généraux a été amorcée, mais sans souci de solidarité territoriale.
Aussi, les auteurs préconisent-ils davantage de contrôle et d’aide de la part du gouvernement, et moins de spéculations financières.
Une étude très documentée et bien structurée malgré des redondances. Un guide précieux pour les travailleurs sociaux.
Clémence Boyer
La Découverte – Alternatives sociales – 2007 – 240 p.