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Les prisons de la misère
- Droits de l'homme
Description
Aux Etats-Unis
Extension de l’empire pénal américain :
– Croissance de la population emprisonnée,
– croissance du nombre des condamnés en probation (prison avec sursis) et en parole (liberté conditionnelle),
– gonflement du secteur administratif pénal,
– résurgence et prospérité de l’industrie privée de l’emprisonnement,
– «noircissement» de la population emprisonnée.
Le système pénal américain joue un triple rôle :
1 – Il contribue directement à réguler les segments inférieurs du marché de l’emploi : les prisonniers n’apparaissent pas sur les statistiques du chômage ; les anciens détenus sont des employés corvéables à merci.
2 – Mise à l’écart de la population noire.
3 – Supervision étroite des allocataires de l’aide publique.
En Europe
«Il existe une corrélation étroite et positive entre la détérioration du marché du travail et la montée des effectifs emprisonnés alors qu’il n’existe aucun lien avéré entre taux de criminalité et taux d’incarcération».
«L’amende est bourgeoise et petite-bourgeoise, l’emprisonnement avec sursis est populaire, l’emprisonnement ferme est sous-prolétarien» (Bruno Aubusson de Cavarlay).
«L’augmentation du poids des étrangers dans les effectifs pénitentiaires de la France provient exclusivement du triplement en 20 ans des incarcérations dues aux infractions à la police des étrangers».
L’augmentation de la délinquance des mineurs ne repose sur aucune statistique fiable. Elle est répandue par les médias.
«Partout en Europe, la politique de lutte contre la drogue sert de paravent à «une guerre contre les composantes de la population perçue comme les moins utiles et potentiellement les plus dangereuses» : sans-emploi, sans abri, sans papiers, mendiants, vagabonds et autres»
«Le surpeuplement des prisons pèse lourdement sur le fonctionnement des services correctionnels et tend à ravaler l’incarcération à sa fonction brute d’»entreposage» des indésirables». Sous prétexte de rationaliser les interventions publiques, la population assistée est progressivement mise sous surveillance : c’est le panoptisme social.
Paralèllement, l’Europe pénale se met progressivement en place.
Ce petit livre se lit facilement et soulève des questions très troublantes, à contre-courant de beaucoup d’analyses. Ainsi la baisse de la criminalité à New-York a précédé de 3 ans la mise en place de la «tolérance zéro» et la même baisse s’observe dans des villes comme Boston ou San Diégo où cette tactique n’est pas employée. De même, en France «la part des jeunes dans la délinquance totale en 1996 est rigoureusement identique à ce qu’elle était en 1980, soit 18 %». Il est rédigé sur un ton un peu pamphlétaire qui lui enlève une certaine crédibilité. Il semble pourtant s’appuyer sur des études sérieuses détaillées dans les notes.
Annick Mellerio
Éditions Raisons d’agir – 1999 – 189 p.