Bibliographie
- Citoyenneté, Philosophie
Les émotions démocratiques
Description
Comment former le citoyen au XXIe siècle
Le livre de Martha Nussbaum, philosophe américaine, est, comme elle le revendique, un manifeste, un appel urgent à l’action pour une éducation à la citoyenneté, à la pensée critique et à « l’imagination sympathique » qui conditionnent, selon elle, la survie des démocraties.
La croissance économique ne suffit pas à offrir une vie bonne (santé, éducation, etc.) pour tous. Même corrigée par la redistribution, la croissance n’assure pas le développement humain. Il faut s’attacher à l’histoire des injustices de classe, de caste, de genre, d’appartenance ethnico-religieuse qui conduit à une pensée critique du présent. Glorifier l’ambition nationale, la richesse, la croissance, est en contradiction avec l’objectif démocratique de respect de chacun et de lutte contre les inégalités. Il faut absolument susciter la capacité de raisonner, examiner, réfléchir, argumenter, débattre, de reconnaître les autres avec des droits égaux pour que la démocratie l’emporte sur l’arbitraire d’une hiérarchie.
L’auteure fait appel aux grands témoins que sont Socrate, Rousseau, Tagore ou Gandhi pour souligner la question centrale de la culture politique qui permet le désaccord individuel et mène à un comportement de responsabilité. C’est aussi par la littérature et les arts que chacun aura accès à ses ressources émotionnelles et imaginaires et accédera à la pleine humanité des autres.
En conclusion Martha Nussbaum affiche cependant un certain pessimisme en constatant à l’évidence que cette éducation est un exercice difficile, qui a un coût certain et qui ne semble aujourd’hui prioritaire nulle part : les humanités et les arts, dit-elle, offrent un monde où il vaut la peine de vivre et pourtant ils risquent de disparaître car ils ne produisent pas d’argent.
Un livre ambitieux qui propose de nous amener à une citoyenneté éclairée et solidaire dont les enjeux d’avenir paraissent vitaux.
Agnès de Vulpillières
Flammarion – Climats – 2011 – 208 p.
