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Le système des inégalités
- Inégalités
Description
Dans l’introduction, ils rappellent que si la croissance économique des Trente Glorieuses avait pu réduire certaines inégalités, dès la fin du XXe siècle, le néolibéralisme triomphant a augmenté le clivage entre riches et pauvres. Il est difficile de mesurer cette évolution alors que les statistiques sont nombreuses, parce qu’elles sont réparties par spécialités, réalisées par des experts qui s’ignorent et que tous les éléments ne sont pas pris en compte, notamment ceux de la richesse et du patrimoine qui restent souvent cachés, alors que les pauvres sont auscultés et contrôlés par les services sociaux.
Dans la première partie sont recensées les inégalités d’avoir, de pouvoir (position sociale, relations…) et de savoir (culture, équipement scolaire, diplômes). L’inégalité naturelle n’est pas éludée et l’égalité des chances se ramène pour les auteurs à une illusion. Toutefois, ils réfutent l’idéologie de la droite politique pour qui l’inégalité garantit la liberté et sanctionne l’oisiveté, et le néolibéralisme qui admet une égalité juridique, seulement formelle, pour sauvegarder la liberté.
Dans la deuxième partie, Les interactions entre les inégalités sont établies dans un tableau très parlant, corrélant treize éléments d’inégalité, (rapports de production, revenu disponible, logement, équipements socio-culturels, etc.), pour montrer qu’ils s’ajoutent le plus souvent les uns aux autres. Par exemple, la santé est compromise cinq fois plus par le travail manuel que par le travail intellectuel ; les cadres et diplômés font plus appel aux spécialistes que les ouvriers, etc.
La troisième partie, Cumul des inégalités, de l’avoir, du pouvoir et du savoir, évoque une synthèse de quarante indices d’inégalités pointés par le Baromètre des Inégalités et de la Pauvreté, le BIP 40, créé en 2002 par des chercheurs et des militants associatifs, qui retrace une évolution irrégulière, depuis 1990, d’abord une amélioration, puis une stagnation entre 1992 et 1998, puis une aggravation depuis 2005, en raison du chômage, plus répandu et de plus longue durée, de la précarité des emplois, de la réduction des salaires et de l’endettement. Un nouvel indicateur dit de “sécurité économique” des populations voit ainsi le jour en 2005.
Dans la quatrième partie, Reproduction des inégalités, la mobilité sociale est battue en brèche : 53% des fils et filles de cadres et professions libérales se maintiennent dans cette catégorie, contre un tiers des fils de professions intermédiaires, alors que 35% de fils d’ouvriers peuvent y accéder. Le capital en biens patrimoniaux, culturels et sociaux qui est transmis aux enfants, les conforte dès leurs études. Ce sont les ouvriers qui ont des familles plus nombreuses, entraînant une plus grande fragilité économique. Enfin, joue l’homogamie, les conjoints se choisissant dans leur milieu.
En conclusion se profile une société segmentée, hiérarchisée, donc conflictuelle. Ce que les auteurs démontrent avec force arguments, tableaux clairs et révélateurs, repères bibliographiques fournis.
Clémence Boyer
La Découverte – Repères – 2008 – 128 p.