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Le premier homme
- École, Enfance, Algérie
Description
Le premier homme est le livre auquel Albert Camus travaillait lorsqu’il disparut en 1960. Il s’agit donc d’un manuscrit inachevé, publié trente quatre ans après sa mort.
L’écrivain y raconte son enfance en Algérie. La pauvreté de sa famille. Le père mort sur le sol français pendant la guerre de 14. La grand-mère, personnage autoritaire, mais qui est le ciment de la maison. L’oncle Ernest qui vivait avec eux, sorte de Quasimodo, complètement sourd, s’exprimant par gestes et onomatopées. Son frère, son aîné, dont il parle peu. Mais surtout sa mère, à laquelle il voue un véritable culte, humanité muette, douce et humble, venue d’elle ne sait où, sans mémoire, sans repères, sans projets. Elle était analphabète, sans ouverture sur le monde. Elle tiendra une grande place dans sa vie. L’essentiel était qu’elle ne sût même pas s’exprimer. C’est dans ses regards que Camus découvrait la protection de l’amour.
Seule l’école donnait à cet enfant pauvre la découverte d’un monde qu’il ignorait totalement, qu’il ne trouvait pas chez lui, où la pauvreté et l’ignorance rendaient la vie plus dure, plus morne comme renfermée sur elle-même. « La misère est une forteresse sans pont-levis ».« C’est ma grand-mère qui commande » dit l’enfant à son instituteur, Monsieur Germain, lorsque ce dernier lui propose de le présenter au concours d’entrée au « grand lycée » d’Alger, derrière la place du Gouvernement, en vue d’obtenir une bourse qui lui permettrait de faire des études secondaires. La décision fut difficile à prendre, la famille comptait sur lui pour qu’il travaille aussi vite que possible. C’est finalement la démarche de l’instituteur qui permit l’entrée de l’enfant au lycée. Camus n’oubliera jamais Monsieur Germain à qui il écrira sa reconnaissance au moment de la remise de son Prix Nobel de Littérature en novembre 1957.
Bien qu’inachevé, ce texte est un document précieux sur l’homme. On y retrouve toutes les racines, toutes les obsessions, toutes les idées simples et fondamentales de l’auteur, son enracinement dans le peuple et dans la pauvreté. On y retrouve aussi son sentiment de la nature lorsqu’il dépeint d’une prose lyrique cette Algérie natale où il restait « la tête perdue dans la lumière incessante et les immenses espaces du ciel ». C’est aussi l’occasion d’élargir l’exploration de l’œuvre de cet écrivain, moraliste et révolté, qui laisse pour la première fois parler pleinement sa sensibilité.
Jeanine Dantan
Gallimard – Folio – 2000 (réédition) – 380 p.