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La brûlure de l’été
- Famille
Description
Sans doute pour ancrer son récit dans une triste réalité, l’auteur choisit de nous donner le dénouement dans les premières pages. Et de dérouler la vie de ce couple que le plus grand des hasards a uni, tout au long d’un récit qui éclaire un peu les zones d’ombres de leur passé.
Dès lors, le lecteur n’a plus à espérer que les personnages s’en sortent, ni à miser sur l’efficacité de l’aide dont ils vont bénéficier. Les questions qui le taraudent : comment tout va basculer ? Qu’est-ce qui va avoir raison de l’élan de vie puissant qui pousse ces gens ? Comment est-il possible de s’entraîner en famille dans la mort ?
Jacques Weber place ses personnages dans un microcosme provincial où nous retrouvons la peur et le refus de la différence, les implacables rouages de l’administration, les rencontres qui sauvent, les séparations qui font que tout s’écroule, la séduction exercée par la consommation.
Tout ce qu’il décrit est réel. Mais les personnages eux-mêmes sont déroutants, comme leur choix final. Toujours créatifs, complètement adaptés à une vie faite de renoncement et de débrouillardise, ces marginaux qui ne demandent rien à la société auraient pu continuer à vivre cachés, vivant de braconnage et de détournements illicites de conduites d’eau en éduquant leurs enfants pour la même vie dans la nature, presque animale, avec quand même quelques relations humaines aidantes et sûres. Ces relations qui ont essayé de les intégrer sans comprendre qu’ils n’avaient pas les clés de la vie dite normale.
En décrivant cette spirale vers un drame, l’auteur pose la question de l’accompagnement des exclus qu’on veut réintégrer à la société. Ceux-ci n’ont pas les codes ou ne les ont plus. Ils ont à les apprendre ou les réapprendre. Mais, tellement adaptés à des conditions de vie que la plupart des gens ignorent, ils ont aussi un savoir à partager. Jacques Weber le pointe à plusieurs reprises, en prêtant aux hommes du récit, un bonne dose d’admiration vis-à-vis du héros malgré lui de l’histoire.
Catherine Cugnet
Éditions Stock – 2015 – 210 p.