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Enfants placés, déplacés, replacés : parcours en protection de l’enfance
- Enfance, Famille
Description
En France, chaque année, 140 000 enfants font l’objet d’une mesure de placement à l’Aide sociale à l’enfance (ASE). En introduction, l’auteure remarque qu’à l’origine de la protection de l’enfance, la raison officielle invoquée était la pauvreté. A partir de la seconde moitié du XXe siècle les questions liées aux problèmes psychologiques et l’idée d’établir un environnement propice au bon développement de l’enfant se sont substituées aux préoccupations matérielles et sanitaires.
De nouvelles appellations apparaissent dans les textes législatifs selon la diversité des situations : on parle d’enfants « en danger ». Cette notion, dépendante des différents points de vue, induit une interprétation administrative puis une décision judiciaire. Si la procédure de placement est mise en œuvre au nom de « l’intérêt de l’enfant », qu’en est-il de celui des parents ? Il est dangereux de considérer l’aspect relationnel indépendamment des conditions socio-économiques qui ont engendré une crise familiale : les enfants placés proviennent souvent de milieux populaires confrontés à d’importantes difficultés économiques.
L’auteure analyse alors plusieurs parcours d’enfants et de leur famille en soulignant les aspects positifs et négatifs des placements. L’enfant placé suit un processus de construction, déconstruction et reconstruction des repères selon les lieux qu’il rencontre. Lors d’un premier accueil, la plupart de ses repères sont rompus. Les relations avec les parents nécessitent une médiation. De même les rapports avec la fratrie et la famille élargie doivent être suivis pour éviter le délitement des liens familiaux d’origine. L’enfant et sa famille ont besoin de stabilité. Or ils souffrent de la discontinuité due à la diversité des référents, en raison du nombre de lieux d’accueil et des remises en cause des mesures prises.
L’auteure distingue trois types de parcours du placement.
– Les enfants « placés » avant l’âge de 10 ans, ayant connu un long placement. Grâce à cette continuité, ils ont pu vivre positivement leur placement et se construire une « parenté d’accueil ». Se pose alors la reconnaissance d’une pluri-parentalité qui recompose l’identité sociale de l’enfant. L’auteure évoque la demande de certains enfants d’être adoptés par la famille d’accueil.
– Les enfants « déplacés » ayant connu plusieurs lieux d’accueil, sans retours intermédiaires au foyer. L’enfant investit au minimum le placement car il sait qu’il ne sera pas pérenne. Se sentant alors en grande insécurité, il essaie de construire des liens avec sa famille élargie. Son parcours scolaire est en perpétuel chaos, ce qui augmente les risques de précarité. Il se sent isolé, n’ayant plus aucune place nulle part, mais l’accueil en foyer collectif peut lui apporter l’aide de ses pairs.
– Les enfants « replacés » ayant connu une alternance de placements et de retours au domicile familial. L’enfant devient l’un des acteurs d’un jeu à trois où enfant, parents, professionnels se reconnaissent un rôle. Le placement est dans ce cas préparé, débattu et ne prend pas toujours la forme d’une mesure administrative contraignante.
Dans sa conclusion, l’auteure reconnaît que, dans la majorité des cas, le placement produit une sécurité matérielle, physique, mais se montre insuffisant en ce qui concerne les supports familiaux, scolaires, affectifs et amicaux. Les lois n’y peuvent rien, seul compte ce que parents, enfants, professionnels inventent pour que la situation convienne à chacun : le dialogue entre ces trois composantes est alors indispensable.
Claude Deleplanque
Éditions Érès – Pratiques du champ social – 2017 – 224 p.