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Déchets partout, justice nulle part
- Inégalités, Écologie
Description
« D’après la Banque mondiale, les 9% de la population vivant dans les pays aux plus faibles revenus ne génèrent qu’environ 5% des déchets mondiaux »
Les populations défavorisées habitent à plus faible distance des sources de pollutions environnementale, physique ou chimique (usines, autoroutes à fort trafic, sites d’incinérations) que les populations aisées, selon une étude du Haut Conseil de la santé publique en 2009.
Dans les pays à faible revenu, 90% des déchets sont brûlés ou déposés directement dans des décharges sauvages, provoquant des troubles chez les riverains : problèmes respiratoires, éruptions cutanées, irritations oculaires…
« En France les émissions importées dépassent désormais les émissions nationales. Cette hausse est indéniablement due à l’augmentation de la consommation de produits fabriqués à l’étranger. Des pays du Sud se retrouvent ainsi pollués par les industries et infrastructures liées à la fabrication de produits destinés à l’export, puis sont accusés d’émettre bien plus de CO2 que les pays européens. »
Le vrac concerne surtout des produits labellisés de meilleure qualité et donc plus chers. Ces produits non emballés s’avèrent plus onéreux que les équivalents conditionnés, le coût des emplois en magasin venant supplanter celui de la fabrication de l’emballage. Cette consommation plus sobre n’est donc pas accessible aux personnes disposant de peu de revenus.
Dans certaines villes, comme Strasbourg, la municipalité n’assure plus la collecte séparée des déchets dans certains quartiers prioritaires, sous prétexte d’une mauvais qualité du tri. La population dispose de points d’apport volontaires très éloignés des logements.
« Ce qui est tendance depuis quelques années correspond au mode de vie adopté depuis toujours par les personnes qui n’ont pas les moyens de faire autrement. L’utilisation prolongée des objets, leur réparation et l’achat de seconde main, notamment grâce à des réseaux de réemploi solidaires, sont ainsi traditionnellement l’apanage des personnes à faibles revenus. »
Mais Emmaüs, pionnier en France du réemploi, se trouve maintenant concurrencé par des plates-formes qui encouragent à acheter des vêtements pour les revendre.
Lors des consultations de la société civile – enquête publique, convention citoyenne – les conclusions adoptées tiennent plus compte des intérêts économiques que des aspirations citoyennes. Par exemple, pour l’interdiction des emballages plastiques concernant les fruits et légumes, soumise à consultation en 2021, le ministère a finalement proposé une liste d’exemptions très large avec des délais d’application de 2023 à 2026.
« Il revient désormais à l’État de rendre les outils de participation existants plus accessibles et d’assurer une meilleure prise en compte des avis qui y sont formulés. »
Annick Mellerio
Rue de l’échiquier – 2022 – 181 p.