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- Économie, Mondialisation
Comment sortir des logiques guerrières ?
Description
Conférence-débat de l’Association Emmaüs à l’École normale supérieure
La dérégulation, imposant la marchandisation dans tous les domaines, entraîne le creusement des inégalités. À la fracture entre les classes moyennes et les plus riches s’ajoute la fracture entre les classes moyennes et les exclus, immigrés, chômeurs, etc. Le politique revient sur un mode autoritaire et liberticide. La concurrence devient une guerre économique où les perdants sont exclus. On peut ainsi passer de la guerre économique à la guerre sociale, puis à la guerre tout court. En face de cela il faut construire des stratégies non-violentes – en donnant aux actions engagées un aspect festif – qui obligent l’adversaire à négocier.
A propos de la crise de 1929, l’auteur cite trois ouvrages prophétiques :
– Dans Malaise dans la civilisation, Freud montre qu’il existe des phénomènes psychiques collectifs ;
– Dans Essais sur la monnaie et l’économie, Keynes fait l’hypothèse que la crise de 1929 n’est pas une crise économique engendrée par la rareté, mais une crise de l’économie, engendrée par une surabondance. Cette surabondance peut entraîner une dépression collective ;
– Dans La dépense, Georges Bataille montre que, face à cette surabondance, il faut savoir dépenser sinon on finit par dépenser sur un mode pathologique et cela s’appelle la guerre. Sinon il faut recréer une situation de rareté qu’on sait gérer.
Ainsi, en 1998, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avait calculé que pour combler les manques les plus choquants de l’humanité – concernant la nourriture, l’accès à l’eau potable et aux soins, le logement – il faudrait 40 milliards de dollars, en proposant un apport de techniques qui permettent aux populations de se prendre en charge elles-mêmes. La même année, le PNUD chiffrait trois autres budgets mondiaux : la publicité (400 milliards), l’armement (800 milliards) et la partie visible de l’économie des stupéfiants (400 milliards). Or chacun de ces budgets sert à gérer du mal-être : l’armement répond à la peur, la toxicomanie au mal-être proprement dit et la publicité transforme notre aspiration à être en aspiration à avoir, tout en provoquant un phénomène d’addiction.
« Il y a suffisamment de ressources sur cette planète pour répondre aux besoins de tous, mais il n’y en a pas assez s’il s’agit de satisfaire le désir de possession », Gandhi.
Pour sortir des spirales de violence, il faut faire éprouver aux gens le fait que « le rapport à autrui est une chance plutôt qu’une menace ».
Éditions Rue d’Ulm – La rue ? Parlons-en ! – 2008 – 53 p.