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Comme une rage de justice
- Engagement, Spiritualité, Brésil
Description
Henri Burin des Roziers (naissance à Paris en 1930, études juridiques de 1948 à 1957, entrée dans l’ordre des Dominicains en 1958, ordination sacerdotale en 1963) accepte à 85 ans de se laisser interroger sur son itinéraire d’engagement. La transcription de cet enregistrement restitue la spontanéité de ses propos, autorisant quelques redites ou digressions au fil des pages.
D’abord en France (Besançon et Annecy) de 1970 à 1977, aux côtés des clochards, des gens du voyage, des immigrés saisonniers. Puis avec les paysans sans terre au Brésil, qu’il rejoint en 1978 à l’âge de 48 ans et où il vécut jusqu’en 2013, date de son retour en France.
Dans son premier champ apostolique, il avait assumé sa vocation de façon assez autonome et marginale par rapport à l’Église. Mais au Brésil il découvre une institution ecclésiale très engagée (option pour les pauvres, théologie de la libération). Il milite notamment au sein de la Commission Pastorale de la Terre (CPT) où il peut mettre en action ses compétences juridiques. Il devient même avocat pour pouvoir défendre devant les tribunaux les petits paysans contre l’emprise de puissants groupes qui tentent de mettre la main sur la terre et les forêts de régions entières.
« On était tous investis dans des conflits, et ce qui nous motivait était de lutter avec les paysans pour leur libération concrète, contre l’esclavage, les expulsions, l’oppression, mais aussi pour une libération intérieure, la libération du cœur de l’homme, du coeur de chacun. »
Ce livre permet de se remémorer toute cette période pleine de tensions sociales et politiques (guerre d’Indochine, condamnation par Rome de l’expérience des prêtres-ouvriers, guerre d’Algérie, retour au pouvoir du Général de Gaulle et constitution de la Ve République, Concile Vatican II, coup d’État du Général Pinochet au Chili, chute du mur de Berlin et effondrement du communisme, chute du gouvernement sandiniste au Nicaragua…). L’auteur raconte bien sûr comment il a été affecté par ces événements. Mais son récit illustre surtout les multiples démarches et initiatives qu’il a entreprises en conscience avec quelques confrères ou collègues, parfois au risque de sa vie. Son action de parti pris inconditionnel contre les injustices suscitait en effet de farouches oppositions de la part des dirigeants politiques et des propriétaires terriens.
Mais les raisons de ses combats sont clairement d’ordre évangélique. Ses entretiens avec Sabine Rousseau s’achèvent sur cette affirmation de foi : « Je crois que la révolte contre l’injustice a toujours été le moteur, la motivation principale de ma vie. »
Daniel Fayard
Éditions du Cerf – 2016 – 176 p.
Compte rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 238 : Réinventer l’économie