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Cela devient cher d’être pauvre
- Économie, Vie quotidienne
Description
Martin Hirsch entreprend de démontrer l’existence de ces surcoûts, pour dénoncer cette sorte de double peine infligée aux plus pauvres. Qui plus est, il constate que les seules augmentations traditionnelles tant des salaires, du SMIC en particulier, que des dépenses sociales n’ont plus d’effets significatifs sur la pauvreté puisqu’elles n’améliorent pas vraiment le pouvoir d’achat des ménages.
Il propose de prendre d’abord en compte cette sorte d’injustice qui aggrave aujourd’hui les situations de pauvreté, tout en ayant conscience que cela ne constitue pas à soi seul une politique globale de lutte contre la pauvreté. Mais, l’augmentation des ressources des plus modestes étant à ses yeux primordiales, celle-ci doit se concrétiser non seulement à travers l’accès à l’emploi de ceux qui sont en âge de travailler mais également par une importante réduction des inégalités tant des ressources que des dépenses, par un système de redistribution fondé sur l’impôt et les transferts sociaux.
Il importe par exemple d’éviter que les coûts supportés par les plus pauvres soient supérieurs proportionnellement à ceux qui sont supportés par le reste de la population, aussi bien en ce qui concerne les services publics que les produits des entreprises.
Cela suppose que l’on généralise une adaptation systématique des tarifications et des prix en fonction des ressources des usagers et des clients pour tous les postes de dépenses qui pèsent le plus lourdement dans le budget des plus vulnérables.
Cela suppose également de garantir aux plus pauvres une certaine prévisibilité de leurs ressources. Ils doivent avoir l’assurance d’une part que tout nouveau gain obtenu par leur travail ne se traduise pas par des conséquences négatives sur les prestations sociales qu’ils perçoivent, d’autre part que les tarifs sociaux qui leur seraient attribués ne leur soient pas supprimés par effet de seuil du fait qu’ils auraient dépassé de quelques euros leur plafond de ressources programmé.
Cette nouvelle architecture pour tenter de combattre les inégalités de ressources et de dépenses dans la société peut sembler assez complexe et difficile à réaliser. Mais Martin Hirsch donne des exemples de stratégies de ce type déjà mises en œuvre, notamment à l’initiative de « Action Tank Entreprise » (http://www.at-entreprise-pauvrete.org/). Cela implique pour le moins une forte mobilisation concertée de la part des pouvoirs publics et des entreprises pour permettre l’accès à des services et à des produits considérés comme indispensables à une époque et dans une société données, pour tous ceux qui en sont encore privés à cause de l’insuffisance de leurs ressources.
Un livre dont les propositions méritent de nourrir des débats au sein de la société civile et avec les élus.
Daniel Fayard
Editions Stock – 2013 – 212 pages