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Avis d’expulsion
- États-Unis, Logement
Description
L’auteur, sociologue de formation, s’est immergé dans les quartiers les plus déshérités de Milwaukee et a vécu au plus près des habitants pour comprendre et analyser le rôle des expulsions locatives dans le déroulement de leur existence.
Le suivi de quelques familles aux prises avec un loyer trop élevé, un logement insalubre, des dettes qui s’accumulent l’amène aux constats suivants :
Les pauvres ne s’entassent pas dans des taudis parce que c’est moins cher mais parce qu’on les y autorisent. Dans ces quartiers, « Les expulsions peuvent défaire le tissu social d’une communauté en faisant en sorte que les voisins restent étrangers les uns aux autres et que leur potentiel collectif pour lutter contre la criminalité reste inexploité. »
Les femmes des quartiers noirs représentent 9% de la population de Milwaukee et 30% des locataires expulsés. L’aide juridique pour les pauvres a été supprimée en 2008. Devant les tribunaux 90% des propriétaires sont représentés par un avocat alors que 90% des locataires ne le sont pas.
Un propriétaire qui reçoit un procès verbal pour nuisance en raison de violences conjugales, peut expulser le locataire ou menacer de résilier son bail si la police est encore appelée.
« Perdre son emploi peut mener à une expulsion mais l’inverse est aussi vrai : une expulsion vole du temps et peut forcer des locataires à s’absenter du travail mais elle pèse aussi sur l’esprit, ce qui provoque souvent des fautes professionnelles. »
Pour l’entreprise de déménagement Eagle, 40% des déménagements correspondent à une expulsion. Deux adjoints du shérif et cinq déménageurs, payés par le propriétaire vident le logement. Tout est mis sur le trottoir, sauf si la famille a suffisamment d’argent pour mettre ses affaires en garde-meubles.
Une agence de recouvrement suit la situation financière des locataires mauvais payeurs , « ne referme jamais un dossier non résolu » et entame la saisie dès que les locataires sont retombés sur leurs pieds.
« Les familles expulsées se voient souvent fermer l’accès aux logements sociaux parce que les différentes instances qui régissent le logement refusent les dossiers où figurent des expulsions formelles et des dettes impayées. Ceux qui ont le plus besoin de l’aide au logement – les expulsés et ceux qui sont asphyxiés par les loyers – en sont donc systématiquement exclus. »
Conclusions de l’auteur :
« L’expulsion n’est pas seulement un problème lié à la pauvreté, elle est une cause de pauvreté. »
« Les initiatives publiques qui fournissent aux familles à faible revenu un logement décent qu’elles peuvent se permettre de payer comptent parmi les programmes de lutte anti-pauvreté les plus importants et efficaces du pays. »
Annick Mellerio
Lux éditeur – 2019 – 535 p.
Compte rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 254 : Temps libre, temps de liberté ?