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Albert Camus. La voix de la pauvreté
- Engagement
Description
En s’appuyant exclusivement sur ses écrits, il montre comment Camus a puisé toute son inspiration pour l’écriture, toute sa force de création, de résistance et de révolte, son engagement pour la liberté et la justice dans sa famille, auprès de sa mère mutique, de son père mort peu après sa naissance à la guerre loin de chez lui, de sa grand-mère et de ses oncles, dans son enfance partagée avec les habitants du quartier de Belcourt. Tous ces êtres marqués par le dénuement, le malheur, le handicap mais aussi tous porteurs d’étincelles de lumière, de solidarité, de vérité habitent la plupart des personnages et des situations dans les romans ou dans le théâtre de Camus. Ils donnent corps, parole et pensée aux sans voix de son enfance et à ceux qu’il n’a cessé de chercher à rencontrer, comme journaliste ou dans ses voyages.
Pour l’auteur, la pauvreté chez Camus n’est pas seulement un sujet. C’est l’origine et la matière dont sont pétris l’homme et son œuvre.
La pauvreté donne toute sa cohérence à la pensée, à la vie et à l’écriture de Camus. Mais elle est aussi au fondement de leur complexité que traduit bien l’expression de « L’envers et l’endroit », contraires et indissociables : créer en donnant forme à la pauvreté et sortir de la pauvreté ne font qu’un. Car, pour Camus, l’accès à la beauté, à l’expression ouvre le seul chemin possible pour, à la fois, rendre hommage aux humbles et leur permettre d’échapper à leur condition d’enfermement.
Ce chemin est rude et jamais gagné. Camus est toujours resté fidèle à ses origines pauvres et, de ce fait, il s’est toujours senti déplacé, illégitime, mal à l’aise, partout ailleurs. Il doutera ainsi toute sa vie de mériter sa célébrité.
Un seul flou demeure après la lecture de ce livre : pauvreté ou misère ? Jean Michel Wavelet évoque bien la distinction apportée par Camus qui situe la misère à ce « cran au-dessous » où les capacités de révolte sont pratiquement éteintes. Mais les deux termes sont la plupart du temps utilisés l’un pour l’autre.
Brigitte Bureau
Editions l’Harmattan – Approches littéraires – 2022 – 273 p.
Compte-rendu publié dans la Revue Quart Monde n° 266 : Peindre et dépeindre.